Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ZEUXIS (env. 464-env. 398 av. J.-C.)

Peintre grec, sans doute originaire d'Héraclée de Lucanie en Grande-Grèce. Présent à Agrigente en ~ 406 lors du sac de la ville par les Carthaginois, il est entre ~ 413 et ~ 399 à Pella, la capitale du roi Archélaos de Macédoine où il réalise le décor pariétal des salles d'apparat du palais (mais ni les textes ni l'archéologie n'ont livré d'information sur les sujets traités par le peintre), puis on le retrouve à Athènes. Il eut pour maîtres Dermophilos d'Himère et Neseas de Thasos. Selon Platon et Aristophane, Zeuxis est, avec Parrhasios, l'un des plus grands peintres de l'Antiquité. Une de ses premières œuvres mentionnées est une Pénélope. Ses tableaux les plus célèbres furent une Hélène (pour laquelle il aurait fait poser cinq des plus belles jeunes filles de la ville de Crotone), peinte pour l'Héraion (l'œuvre fut placée à Rome dans le portique de Philippe, mais fut copiée par Zeuxis à Athènes), et une Famille de centaures, décrite par Lucien d'après une copie. Ce dernier tableau fut perdu dans le naufrage du navire qui le portait à Rome sur l'ordre de Sylla. Zeuxis est aussi l'auteur d'un Zeus au trône, d'un Marsyas enchaîné que Pline a vu dans le temple de la Concorde à Rome, d'un Alcmène, d'un Héraclès enfant étouffant les serpents, représenté sur les monnaies de Thèbes, d'un tableau de Pan pour le palais d'Archélaos, d'un Éros à l'arc, d'un Éros couronné de roses... Une peinture sur marbre provenant d'Herculanum et représentant des femmes jouant aux osselets (Musée archéologique de Naples) semble être la réplique d'époque romaine (fin du ~ ier s.) d'une œuvre de Zeuxis. Employant les effets de clair-obscur et de nombreux éléments de paysage, son art est célèbre pour son style réaliste et humanisé, ses oppositions d'ombre et de lumière, ses effets de perspective qui le placent à l'origine des compositions illusionnistes ou en trompe l'œil qui aboutiront aux vastes ensembles des deuxième et troisième styles de la peinture pompéienne. Il s'oppose par là à Polygnote dans la peinture des physionomies : Zeuxis est plus attentif à rendre les formes en relation avec les volumes qu'à transcrire l'expression des sentiments. « Il est peut-être impossible, dit Aristote, d'être tel que peint Zeuxis, mais il peint les choses meilleures que nous ; il faut en effet dépasser les modèles. » Quintilien a complété cette définition en disant de Zeuxis qu'il avait découvert la « loi des lumières et des ombres » et qu'il renforçait le rendu des corps.

— Alain MAHUZIER

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : assistant des fouilles d'Eboli (Campanie), moniteur à la bibliothèque de l'Institut d'art et d'archéologie de Paris

Classification

Pour citer cet article

Alain MAHUZIER. ZEUXIS (env. 464-env. 398 av. J.-C.) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • GRÈCE ANTIQUE (Civilisation) - Les arts de la Grèce

    • Écrit par Pierre DEVAMBEZ, Agnès ROUVERET
    • 18 518 mots
    • 24 médias
    Comme on pouvait s'y attendre, les arts majeurs ne suivent qu'avec quelque retard le mouvement ; mais les maîtres de cette époque, Zeuxis et Parrhasios, se sont plu, à en juger par le titre de leurs tableaux, à représenter des sentiments émouvants ou violents. La sculpture même n'hésite pas à prendre...

Voir aussi