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STYRON WILLIAM (1925-2006)

Descente aux enfers

Styron aimait les grands sujets, comme le montre encore Le Choix de Sophie (Sophie's Choice, 1979 ; trad. franç. 1981), histoire d'une catholique polonaise, rescapée d'Auschwitz, rencontrée à New York par Stingo, un jeune écrivain débarqué du Sud qui est de toute évidence un double du jeune Styron. À travers le destin malheureux de la belle Sophie, Styron évoque l'horreur quotidienne des camps de la mort nazis, mais nous offre en même temps le récit de l'éducation sexuelle de Stingo. Du tragique, on ne cesse de glisser vers le scabreux et le macabre. Cette nouvelle méditation sur l'Histoire et le « mal absolu » finit par s'engluer dans un copieux feuilleton « gothique ». De nouveau, le roman provoqua une vive controverse aux États-Unis. Mais Le Choix de Sophie fit partie des best-sellers de l'année, et son adaptation cinématographique par Alan Pakula, en 1982, allait également remporter un franc succès.

Au milieu des années 1980, Styron sombre dans la dépression et échappe de peu au suicide. Face aux ténèbres, chronique d'une folie (Darkness Visible : a Memoir of Madness), publié en 1990, est le récit précis et poignant de cette « descente aux enfers ». Un cinquième roman important, dont le titre eût été « The Way of the Warrior », était attendu. Styron n'eut probablement pas le temps de l'achever. En 1994, cependant, il revient à la fiction avec Un matin de Virginie (A Tidewater Morning : Three Tales from Youth, 1994), trois superbes nouvelles semi-autobiographiques où revivent des moments de son enfance et de son adolescence.

Souvent présenté comme l'héritier de Faulkner, Styron ne possédait ni le verbe souverain ni l'imagination brûlante de son illustre devancier, mais il était assurément l'une des figures majeures de la littérature américaine de la seconde moitié du xxe siècle, et l'un des romanciers des États-Unis les plus lus et les plus admirés à travers le monde. Admirateur de Flaubert, de Gide, de Malraux et de Camus, William Styron était passionnément francophile, et aucun pays ne l'a mieux accueilli et plus acclamé, honoré, que la France. Le président de la République, François Mitterrand, s'en était fait un ami.

— André BLEIKASTEN

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Pour citer cet article

André BLEIKASTEN. STYRON WILLIAM (1925-2006) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Arts et culture) - La littérature

    • Écrit par Marc CHÉNETIER, Rachel ERTEL, Yves-Charles GRANDJEAT, Jean-Pierre MARTIN, Pierre-Yves PÉTILLON, Bernard POLI, Claudine RAYNAUD, Jacques ROUBAUD
    • 40 118 mots
    • 25 médias
    ...fantômes de l'ancienne « aristocratie ». À partir de là, on peut adopter l'une ou l'autre de deux stratégies, illustrées respectivement par les noms de William Styron et de Walker Percy. William Styron (1925-2006) a grandi en Virginie, dans le crépuscule de la tradition. À partir de la chronique de l'autodestruction...

Voir aussi