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STYRON WILLIAM (1925-2006)

Mort à quatre-vingt-deux ans d'une pneumonie le 1er novembre 2006, le romancier américain William Styron était né le 11 juin 1925 dans une famille bourgeoise de Newport News, en Virginie. Orphelin de mère à treize ans, il est pensionnaire dans une école privée jusqu'en 1941. À dix-sept ans, il s'engage dans les marines sur un coup de tête et participe comme lieutenant à la guerre contre le Japon. À son retour du Pacifique, il reprend des études littéraires à la Duke University en Caroline du Nord, puis travaille quelques mois pour un éditeur new-yorkais. La guerre de Corée lui vaut d'être rappelé dans les marines en 1950 mais, après une période d'entraînement, il est libéré à cause de sa mauvaise vue. De 1950 à 1954, il séjourne à Paris et à Rome, passe ensuite quelque temps à New York et finit par s'installer avec sa femme dans une ferme à Roxbury, dans le Connecticut.

Sur les traces de Faulkner

Un lit de ténèbres paraît en 1951 (Lie Down in Darkness ; trad. franç. 1963). Styron a vingt-cinq ans. Son premier roman relate la lente désintégration d'une famille bourgeoise de Virginie et le tragique destin de Peyton Loftis, jeune névrosée haïe par sa mère et trop aimée par son père, qui, à bout d'angoisse, finit par se jeter dans le vide en sautant d'un gratte-ciel new-yorkais. Ses premiers lecteurs furent impressionnés par la maturité et la maîtrise de ce romancier débutant. La construction du roman est habile, le récit ne manque pas de force, mais ses personnages, son intrigue et son accablante atmosphère rappellent irrésistiblement Le Bruit et la fureur, paru en 1929, encore que le Sud de Styron ne soit plus du tout celui de Faulkner.

Dans La Marche de nuit (The Long March, 1952 ; trad. franç. 1963), récit sobre et cruel d'une marche forcée, ordonnée par un colonel sadique, Styron démontra brillamment qu'il savait aussi faire court. Puis ce fut le retour au roman-fleuve. La Proie des flammes (Set this House on Fire, 1960 ; trad. franç. 1962) se présente d'abord comme une énigme policière, l'histoire d'un triple crime au suspens savamment ménagé ; c'est ensuite une étude de mœurs, la description satirique d'une colonie d'expatriés américains menant la dolce vita en Italie du Sud ; c'est enfin, comme le nota Michel Butor dans sa Préface à la traduction française, la tragédie d'un Œdipe américain, qui conduit un peintre alcoolique de la déchéance au meurtre, et du meurtre à la reconquête de soi.

Roman ambitieux aussi que Les Confessions de Nat Turner (The Confession of Nat Turner, 1967 ; trad. franç. 1969), qui relate à la première personne la révolte fomentée en Virginie par un esclave noir avant la guerre de Sécession. Pour mieux comprendre cette sanglante équipée, Styron tenta la gageure de se glisser dans la peau d'un rebelle noir et d'en faire son premier narrateur. Si le roman fut fort bien accueilli par ses lecteurs blancs, certains critiques noirs lui reprochèrent de n'avoir pas su se déprendre de la mythologie raciste blanche et d'avoir transformé un héros révolutionnaire en vulgaire névrosé.

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Pour citer cet article

André BLEIKASTEN. STYRON WILLIAM (1925-2006) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Arts et culture) - La littérature

    • Écrit par Marc CHÉNETIER, Rachel ERTEL, Yves-Charles GRANDJEAT, Jean-Pierre MARTIN, Pierre-Yves PÉTILLON, Bernard POLI, Claudine RAYNAUD, Jacques ROUBAUD
    • 40 118 mots
    • 25 médias
    ...fantômes de l'ancienne « aristocratie ». À partir de là, on peut adopter l'une ou l'autre de deux stratégies, illustrées respectivement par les noms de William Styron et de Walker Percy. William Styron (1925-2006) a grandi en Virginie, dans le crépuscule de la tradition. À partir de la chronique de l'autodestruction...

Voir aussi