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STEIG WILLIAM (1907-2003)

Illustrateur et humoriste américain, William Steig est né en 1907 à Brooklyn. Ses parents, originaires de Galicie, au nord-est de l'Empire austro-hongrois, étaient venus d'Europe en 1903 ; ils encouragent les dispositions artistiques de leurs quatre fils, et William suit les cours de la National Academy of Design à Manhattan. Lorsque son père, peintre en bâtiment, et sa mère, couturière, sont ruinés par la crise de 1929, il doit subvenir à leurs besoins. Il vend ses premiers dessins d'humour aux magazines Collier's, Life et Judge, mais c'est au New Yorker qu'il obtient les meilleures rétributions. Ainsi commence, dès 1930, sa longue carrière dans le célèbre magazine créé cinq ans plus tôt.

Sur sa première couverture, qui paraît le 7 mai 1932, un père imposant lit les notes du livret scolaire de son jeune et frêle fils. L'inspiration du dessin a beaucoup à voir avec la libre enfance frondeuse de William Steig : les gamins des aventures de Small Fry animent les pages du magazine comme ils le feraient d'un terrain de jeu. Un premier recueil, Man About Town paraît la même année ; la gamme expressive qu'y déploie Steig témoigne de son attrait pour Daumier. En 1936, il épouse la sœur de l'anthropologue Margaret Mead, une artiste et musicienne dont il aura deux enfants, avant d'en divorcer, en 1946. Parallèlement à sa production pour le New Yorker, Steig s'oriente vers un art symbolique et publie About People en 1939. En accord avec la révolution esthétique introduite par Picasso et avec une affinité pour le socialisme héritée de son père, ses dessins innovent par l'humour d'une critique intellectuelle délibérée de l'ordre social. D'autres recueils assurent ensuite son succès : The Lonely Ones (1942), Persistent Faces (1945), Till Death Do Us Part (1947) et All Embarassed (1948). À la même époque, Steig illustre Listen, Little Man ! (1948), un ouvrage de Wilhelm Reich, célèbre psychiatre, lui aussi né en Galicie, dénonçant l'effet potentiellement névrotique d'une éducation traditionnelle ; il réalise ensuite The Agony in the Kindergarten (1950). Soigné et guéri par Reich d'un empoisonnement médicamenteux, Steig contribua (hélas sans succès) à la défense du psychiatre, jusqu'à la mort de ce dernier en prison, en 1957. Ces années marquent un tournant dans la carrière de l'artiste, qui, après une dernière publication, Dreams of Glory and Other Drawings (1953), abandonne les gamins farceurs pour explorer désormais les diverses mythologies des origines, les relations de couple, l'insolite au quotidien (The Rejected Lovers, 1951 ; Continuous Performance, 1963 ; Male/Female, 1971). Mais surtout, sollicité par Robert Kraus, un collègue du New Yorker, Steig dessine CDB !, son premier livre pour enfants, puis Roland The Minstrel Pig, en 1968.

Une nouvelle carrière s'ouvre au dessinateur, alors sexagénaire. Plus de trente livres sont publiés dans cette veine, dont Sylvester and the Magic Pebble (1969), pour lequel Steig reçoit la médaille Caldecott en 1970, alors que The Amazing Bone (1976) est élu « livre d'honneur Caldecott », et Abel's Island (1976) ainsi que Doctor De Soto (1982) tous deux sélectionnés pour le titre de « livre d'honneur Newbery ». Steig n'en continue pas moins à scruter les relations de ses contemporains entre eux, comme en témoignent Drawings (1979), Ruminations, (1984) ou Strutters and Fretters, or The Inescapable Self (1992). Calembours visuels et jeux de mots alimentent son style. De même que Steinberg, son contemporain au New Yorker, dont il se rapproche par la facture graphique, Steig s'abstient de livrer quelque dessin politique que ce soit. L'univers animalier anthropomorphe de ses albums pour enfants permet des incongruités impensables avec des humains, comme c'est le cas pour l'ogre[...]

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Nelly FEUERHAHN. STEIG WILLIAM (1907-2003) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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