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BHAVE VINOBA (1895-1982)

Héritier spirituel de Gandhi, Vinoba Bhave est, après celui-ci, le plus connu des apôtres de la non-violence en Inde ; il sut, tout en restant fidèle à la pensée du Mahatma, la mener plus loin. Vinoba s'est surtout attaché à faire progresser la pensée gandhienne dans le domaine de l'économie, en se consacrant au problème agraire. Alors que Gandhi avait lutté pour l'indépendance du pays (svaraj), Vinoba lutta pour celle du village (gram-svaraj). Pour réaliser la révolution agraire, il conçut la politique du don, don de terres d'abord (bhoodan), puis don du village (gramdan).

Vinoba Bhave naît dans la caste des brahmanes, d'une mère pieuse et d'un père auquel il doit son amour pour la science. Ses études se terminent à vingt ans (1916), lorsqu'il s'enfuit du foyer paternel. Ses aspirations révolutionnaires le poussent à suivre Gandhi, qui prêche le combat sans haine.

Vinoba, comme on l'appelle alors, est chargé de fonder un ashram (communauté) gandhien près de Wardha (1921). Il y mène une vie ascétique, vouée au service et à l'étude. Sa contribution à la lutte nationale reste modeste.

En 1940, Gandhi le fait sortir de l'ombre. Vinoba ouvre la campagne de désobéissance civile individuelle. Rien ne distingue l'« héritier spirituel » pendant les années d'incarcération (1940-1944), les événements qui ensanglantent l'indépendance (1947), ou même les trois années qui suivent la mort du Mahatma (janv. 1948).

En 1951, inspiré par ce qu'il croit être un signe du ciel, il se met à prêcher dans un pays de jacqueries le don de terres, parcourant à pied toute l'Inde. Seul au départ, Vinoba est très vite épaulé par de nombreux volontaires et par la Sarva Seva Sangh, association apolitique vouée au service, et conforme aux dernières instructions de Gandhi (« Testament »). Le gouvernement facilite la législation nécessaire. En six ans, les dons de terres atteignent 1,7 million d'hectares. Mais les difficultés causées par la distribution et la mise en valeur des dons font évoluer le bhoodan en gramdan.

La politique du don du village succède à celle du don de terres ; plusieurs centaines de villages se « donnent » tout entiers à Vinoba en l'espace de quelques mois (1955), rendant possible une « reconstruction » économique du village selon des principes gandhiens.

Prêché d'abord dans sa forme pure de 1957 à 1960, le don du village amène la mise en commun des terres données. Mais le mouvement se ralentit jusqu'à ce que Vinoba relance, par une « campagne-cyclone », un « gramdan-rendu-facile » (sulabh gramdan). Désormais, si le titre de propriété passe toujours à la communauté, le signataire garde la jouissance de ses biens — exception faite du vingtième, auquel il renonce entièrement — et le droit de la transmettre à ses héritiers, si ceux-ci consentent à leur tour au gramdan. Une assemblée élue par le village doit gérer un fonds commun alimenté par les revenus de tous ou par des journées de travail.

Le passage d'une déclaration formelle à une reconstruction non violente n'est le fait que de quelques centaines de villages. Les difficultés de la tâche et l'évolution de la situation politique à partir de 1972 provoquent la division de la Sarva Seva Sangh, tentée de suivre J. P. Narayan dans l'opposition politique au gouvernement d'Indira Gandhi. Vinoba, qui ne parvient pas à obtenir des décisions adoptées à l'unanimité et à échapper au système des partis, refuse une action non violente précipitée. La chute du Premier ministre met fin au dilemme sans trancher le problème.

La politique et la religion, causes de dissensions entre les hommes, doivent être dépassées, enseigne Vinoba, et remplacées par la science et la spiritualité, qu'il importe de réconcilier. Il désire l'avancement de la science, mais[...]

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Universalis. BHAVE VINOBA (1895-1982) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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