Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ALEIXANDRE VICENTE (1898-1984)

Présence du surréalisme

Espace doit être considéré comme le germe de toute l'œuvre ultérieure. Le thème conducteur réside dans l'affirmation de l'identité entre l'homme et la nature, chaque poème tentant d'établir un contact entre le corps et l'univers. L'emploi quasi constant de la strophe et du vers courts donne à cette œuvre une allure classique. Le livre suivant marque une rupture formelle et coïncide avec l'avènement d'une période assez fortement imprégnée d'influences surréalistes. Des épées comme des lèvres (Espadas como labios, 1932) provoque étonnement et scandale. Aleixandre y choisit une méthode d'investigation irrationnelle du monde, un vers long ou verset, sans ponctuation, où triomphe le substantif, le choix des sons, primordial, restant toujours lié au sens de l'architecture poétique. Passion de la terre (Pasión de la tierra, 1935) est une série de poèmes en prose, où Aleixandre, très marqué par sa récente lecture de Freud et son approfondissement des œuvres de Rimbaud et de Lautréamont, se place à la périphérie des choses et des êtres pour entrevoir un infini et l'affronter. L'homme est si fragile qu'il hésite constamment entre l'être et le non-être. D'où le foisonnement d'images qui disent la peur de l'anéantissement. L'intensité de la démarche transparaît dans des formules lapidaires : « La mer n'est pas une feuille de papier », « Le monde est bien fait », « Je suis ce que je suis. Mon nom caché », « La mer verticale laisse voir l'horizon de pierre »..., mais l'humour constant ôte au processus ontologique son caractère par trop sérieux ou individualiste. De lecture difficile, cette œuvre témoigne d'une volonté de clarification, la prose devenant l'équivalent du « plasma » tellurique où se forge et se révèle le langage poétique. L'auteur, qui la tient pour « baroque » et « extrême », se reconnaît dans ce « cri blessé » qui pressentait déjà la « cohérence du monde poétique total ».

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Marie-Claire ZIMMERMANN. ALEIXANDRE VICENTE (1898-1984) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Vicente Aleixandre - crédits :  Gianni Ferrari/ Cover/ Getty Images

Vicente Aleixandre

Voir aussi