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VAN STEENBERGEN HENRI dit RIK (1924-2003)

Formidable routier-sprinter, le coureur cycliste belge Rik Van Steenbergen, né le 9 septembre 1924 à Anvers dans une famille modeste, s'est forgé un magnifique palmarès, au cours d'une longue carrière (il fut professionnel de 1943 à 1966), ponctuée de 338 succès sur la route et de 715 victoires sur la piste, dont 40 courses de Six Jours.

Parce qu'il ne croyait pas posséder les qualités requises pour remporter l'un des trois grands Tours, Rik Van Steenbergen fut le premier champion cycliste à délaisser volontairement les courses à étapes, pour se consacrer aux classiques, sur la route, et aux lucratives épreuves de Six Jours, sur la piste. Si son gabarit (1,86 m, 83 kg) constituait un handicap en montagne, il n'en termina pas moins deuxième du Giro en 1951, après avoir porté le maillot rose de leader et fermement contesté la victoire à l'Italien Fiorenzo Magni. Antonin Magne, qui fut son directeur sportif de 1945 à 1954 chez Mercier, demeurait persuadé que Rik Van Steenbergen aurait pu remporter le Tour de France s'il avait voulu se préparer sérieusement pour la Grande Boucle. Celui-ci obtiendra néanmoins quatre victoires d'étape lors du Tour de France, quinze à l'occasion du Giro, six sur la Vuelta.

Quand la carrière de Rik Van Steenbergen prend forme, l'Europe est exsangue, et la principale préoccupation du jeune champion est donc de « courir le cachet » pour gagner sa vie. Il rappelait que, à l'époque, les coureurs professionnels tiraient leurs revenus de leurs victoires, car ils ne bénéficiaient pas d'un salaire fixe.

Champion de Belgique en 1943 (un titre qu'il reconquerra en 1945 et en 1954), Rik Van Steenbergen obtient son premier grand succès dans une course internationale en 1944 : il s'adjuge le Tour des Flandres, en devançant au sprint son compatriote Brik Schotte. Il remporte de nouveau le « Ronde » en 1946. En 1948, il gagne Paris-Roubaix, toujours au sprint, devant le Français Émile Idée.

En 1949, à Copenhague, il devient champion du monde sur route, réglant ses deux prestigieux compagnons d'échappée, le Suisse Ferdi Kubler et l'Italien Fausto Coppi. En 1952, il remporte de nouveau Paris-Roubaix. Il considère ce succès comme le plus beau de sa carrière : échappé en compagnie de Fausto Coppi dans l'« enfer du Nord », il parvient à répondre aux attaques incessantes du campionissimo, alors au faîte de sa forme, et le devance sur le vélodrome de Roubaix. En 1954, il gagne Milan-San Remo.

En 1956, « Rik I » conquiert de nouveau le maillot arc-en-ciel de champion du monde : à Ballerup (Danemark), il s'impose, encore au sprint, devant l'étoile montante du cyclisme belge, Rik Van Looy, « Rik II ». En 1957, il obtient un troisième titre mondial : à Waregem (Belgique), sur un circuit présentant de nombreuses portions pavées, et dans des conditions atmosphériques difficiles (pluie, vent), il s'échappe à 8 kilomètres du but en compagnie de deux de ses compatriotes, Rik Van Looy et Fred De Bruyne, et de trois Français, André Darrigade, Jacques Anquetil et Louison Bobet. Même si sa vélocité s'est quelque peu émoussée, son sens tactique, aiguisé par son habitude des courses sur la piste, lui permet de les devancer. Il rejoint ainsi dans l'histoire Alfredo Binda, alors le seul coureur trois fois champion du monde sur route (Eddy Merckx, puis Oscar Freire réaliseront plus tard la même performance).

L'année suivante, Rik Van Steenbergen obtient son ultime succès important à l'occasion d'une épreuve sur route : il remporte la Flèche wallonne. Dès lors, il va se consacrer entièrement à la piste, accumulant les victoires, ce qui lui permet d'amasser une fortune non négligeable. Il investit son argent dans l'immobilier. Puis sa vie devient chaotique : il fréquente les milieux clandestins du port d'Anvers, dilapide son argent dans des[...]

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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Pour citer cet article

Pierre LAGRUE. VAN STEENBERGEN HENRI dit RIK (1924-2003) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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