Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

UDF (Union pour la démocratie française)

  • Article mis en ligne le
  • Modifié le
  • Écrit par

Des adhérents de culture catholique

En 2004, l'U.D.F. comptait entre trente mille et trente-cinq mille adhérents. Parmi eux, on note une forte proportion d'élus : députés, sénateurs, conseillers régionaux, conseillers généraux, maires ou conseillers municipaux. Ils représentent au total à peu près 30 p. 100 de l'ensemble des membres, sachant que la frontière entre élu et simple adhérent est elle aussi des plus incertaines. Par conséquent, le terme « militant » connaît au sein de la formation un usage qui varie selon les situations. Il est souvent employé pour désigner ceux qui suivent la ligne tracée par la direction du parti et il s'oppose dans le langage interne aux « notables » à qui l'on reproche une trop forte autonomie ou toute espèce de « trahison ». Lorsqu'on se penche sur les manières de « prendre parti » chez les adhérents de base, on remarque que leur appartenance aux couches favorisées de la population française – à l'image de ceux qui sont engagés au P.S. ou à l'U.M.P., où les ingénieurs, les cadres et professions intellectuelles supérieures sont largement majoritaires – les caractérise moins que leur style militant marqué par un éthos catholique. Comme leurs dirigeants, ils sont en effet des catholiques pratiquants particulièrement actifs au sein de leurs paroisses. Par ailleurs, ils ont comme point commun d'être des individus multi-activistes, engagés dans des associations de solidarité, dans l'action sociale (personnes âgées, petite enfance, soutien scolaire, etc.) et dans l'aide aux plus démunis (Secours catholique, Restos du cœur, foyers d'accueil des S.D.F., etc.). Ainsi, 70 p. 100 d'entre eux sont membres d'au moins deux associations non politiques. De ce point de vue, on peut caractériser les membres de l'U.D.F. comme des « militants associatifs de culture catholique ».

Cette spécificité contraste avec l'idée selon laquelle ces « militants » répugneraient a priori à s'organiser en parti politique stricto sensu mais concorde avec la manière dont ils conçoivent leur engagement partisan. Inspirés par une philosophie chrétienne qui met en garde contre les risques de la politisation et contre la persistance, considérée comme néfaste, des clivages politiques et sociaux, ils sont méfiants à l'égard des organisations politiques qui enrégimenteraient leurs membres. Habités par une forte aversion vis-à-vis du modèle communiste dans son ensemble, ils acceptent d'autant mieux d'adhérer à un parti politique qu'ils le perçoivent comme une antithèse des organisations de masse. C'est de cette manière qu'ils peuvent conjuguer leurs différents engagements, qu'ils soient religieux, associatifs ou politiques. L'U.D.F., caractérisée par un « laisser-faire organisationnel » et par une faible culture partisane, en plus d'administrer du sens envers ceux qui militent pour une synthèse entre le libéralisme économique et une philosophie sociale antiétatiste, satisfait parfaitement à ces exigences ambivalentes.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur de science politique à l'université de Paris-I Panthéon-Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

Julien FRETEL. UDF (Union pour la démocratie française) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 10/02/2009

Médias

Origines professionnelles des députés français - crédits : Encyclopædia Universalis France

Origines professionnelles des députés français

France : élection présidentielle de 2002, le vote Bayrou - crédits : Encyclopædia Universalis France

France : élection présidentielle de 2002, le vote Bayrou

Autres références

  • BAUDIS DOMINIQUE (1947-2014)

    • Écrit par
    • 1 010 mots
    • 1 média
    À la fin de 1982, Dominique Baudis quitte l’audiovisuel public pour se porter candidat à la succession de son père à la mairie de Toulouse. Se présentant sous l’étiquette du Centre des démocrates sociaux, l’une des composantes de l’Union pour la démocratie française (U.D.F.), et profitant...
  • BAYROU FRANÇOIS (1951- )

    • Écrit par et
    • 1 367 mots

    François Bayrou occupe une position particulière dans la vie politique française. Résolument ancré au centre, ce fervent partisan d'une Europe fédérale entend incarner une troisième voie, alternative à la traditionnelle opposition droite-gauche.

    Le parcours qui le mène au métier politique...

  • CINQUIÈME RÉPUBLIQUE - La période post-gaullienne (1969-1981)

    • Écrit par
    • 6 934 mots
    • 4 médias
    ...majorité au premier tour et unifier les différentes formations qui le soutiennent. C'est dans ce but qu'est créée, mais très tardivement, le 1er février, l'Union pour la démocratie française (U.D.F.), cartel électoral qui regroupe essentiellement le Parti républicain du président, le Centre des démocrates...
  • CINQUIÈME RÉPUBLIQUE - Les années Chirac (1995-2007)

    • Écrit par
    • 9 350 mots
    • 6 médias
    ...montre que l'attitude à l'égard du Front national est devenue un enjeu politique majeur du débat public. Cet événement aboutit aussi à un éclatement de l'U.D.F. en trois fractions : l'U.D.F. maintenue (derrière François Bayrou), affirmant une stratégie autonome à l'égard du R.P.R., résolument centriste...
  • Afficher les 19 références