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TULARÉMIE

Maladie infectieuse aiguë ressemblant à la peste mais beaucoup moins sévère. C'est en 1911 que le germe a été isolé à partir de cadavres d'écureuils dans le comté de Tulare (Californie), d'où son nom ; la tularémie a été observée pour la première fois chez l'homme, aux États-Unis, en 1914. L'agent pathogène est une très petite bactérie : Pasteurella tularensis.

La maladie atteint primitivement les animaux sauvages ; les infections humaines ne surviennent qu'incidemment. La tularémie se rencontre naturellement chez au moins quarante-huit espèces d'oiseaux et de mammifères. Aux États-Unis, le lapin (et tout spécialement le lapin de garenne, Sylvilagus) représente le réservoir de virus le plus important pour l'infection humaine (90 p. 100 des cas). En Suède et en Norvège, des cas humains ont été transmis par le lièvre, et en Russie par le rat d'eau. Des épidémies humaines de la maladie, transmise par l'eau, ont été observées en Russie et en Turquie. L'homme contracte la maladie à partir du réservoir animal de l'infection, soit directement en manipulant les carcasses de lapins infectés, soit indirectement par l'intermédiaire d'un insecte vecteur (dont le plus commun en Amérique est la mouche du daim, Chrysops discalis, d'où le nom de « fièvre de la mouche du daim » que les Anglo-Saxons donnent à cette maladie).

Différentes tiques, qu'il s'agisse d'Ixodidae (Dermacentor, Haemaphysalis, Rhipicephalus, Amblyomma et Ixodes) ou d'ornithodores, les taons, les moustiques, les puces, les poux sont responsables pour une grande part de la persistance de l'infection animale. De plus, cette infection est transmise de la tique adulte à l'œuf, et aussi bien les larves que les nymphes constituent un réservoir de l'infection.

Chez l'homme, l'incubation est toujours « silencieuse » (de trois à huit jours en général). L'invasion est brutale et marquée par une élévation thermique rapide avec frissons, sueurs, nausées, vomissements, céphalée, myalgies, arthralgies.

La période d'état se présente sous quatre formes :

– La forme ulcéro-ganglionnaire, de beaucoup la plus fréquente, commence par le « chancre d'inoculation », situé généralement au point de l'infection initiale. Il se forme une papule de grande taille, qui s'ulcère. L'infection se propage aux ganglions lymphatiques qui deviennent douloureux et enflés et peuvent se rompre en libérant une matière purulente. Les signes généraux sont assez marqués : température élevée (de 39 à 40 0C), pouls accéléré, tension artérielle abaissée. Enfin, le « chancre » cicatrise, les signes généraux s'amendent, la température tombe.

– La forme oculo-ganglionnaire est rare ; elle fait suite à une inoculation conjonctivale par des produits virulents. Les signes oculaires sont principalement une conjonctivite. L'adénopathie satellite parotidienne, sous-maxillaire ou carotidienne peut évoluer vers la suppuration. Les signes généraux sont bien plus intenses (céphalée, fièvre, délire) et l'évolution est longue.

– La forme ganglionnaire pure se présente comme un gonflement ganglionnaire isolé.

– La forme typhoïde est grave ; elle succède généralement à des contaminations massives par l'eau ou par la viande. La température est élevée. Il n'y a ni « chancre », ni adénopathie, mais surtout une angine. La guérison se fait en deux ou trois semaines.

On observe un taux de mortalité inférieur à 5 p. 100. Près de deux mille cas sont relevés chaque année aux États-Unis, et cette maladie a été rencontrée dans presque toutes les parties du pays. Les complications sont rares, mais elles peuvent mettre la vie en danger. L'atteinte bronchopulmonaire paraît fréquente dans les inoculations massives et sur certains terrains[...]

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Écrit par

  • : ingénieur-docteur, docteur ès sciences, professeur au Conservatoire national des arts et métiers, ingénieur E.S.C.I.L.

Classification

Pour citer cet article

Michel PRIVAT DE GARILHE. TULARÉMIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • MALADIES INFECTIEUSES

    • Écrit par Catherine DUPUIS
    • 5 803 mots
    • 1 média
    ...les deux sujets : les maladies vénériennes sont ainsi transmises ; les micro-organismes responsables ne peuvent survivre longtemps hors de l'hôte. La tularémie, maladie des rongeurs sauvages, est contractée par les chasseurs et les bouchers lorsqu'ils manipulent l'animal malade. L'éleveur ou le vétérinaire...

Voir aussi