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TRÉGORROIS ou TRÉGOR

Bretagne : carte physique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Bretagne : carte physique

Le terme de Trégorrois évoque celui de Trigger (Cornouailles britannique), spécifiant ainsi l'origine géographique du peuplement résultant de l'invasion bretonne du haut Moyen Âge, que confirme la fréquence des toponymes en « plou ». La dénomination actuelle désigne le pays entre la Manche et la montagne d'Arrée, entre la rivière de Morlaix et Paimpol. C'est, à peu de chose près, l'ancien évêché de Tréguier (supprimé en 1790 pour être partagé entre les départements des Côtes-du-Nord – devenu Côtes-d'Armor – et du Finistère), qui, avec ses cent neuf paroisses et ses trente-deux trêves, était l'un des plus petits diocèses bretons. Ce petit pays est original à la fois par son dialecte bas breton et par son type spécial de domaine congéable. Géographiquement, cette région de granites, de schistes et de gneiss se subdivise en trois bandes parallèles au rivage. Le long de la côte s'étend l'actuelle zone maraîchère basse, lœssique, que domine au sud un bas plateau de 100 mètres d'altitude moyenne, coupé de profondes gorges. Au sud s'étend un troisième étage (de 250 à 300 m. d'altitude). Ainsi l'Arvor fertile est ici exceptionnellement large, sauf à la hauteur du Méné-Bré, qui avance son promontoire jusqu'à 20 kilomètres du rivage. Historiquement, le diocèse est censé remonter à saint Tugal, évêque-abbé, arrivé des îles Britanniques avec soixante-douze moines et mort vers 564. Il est certain que le groupe formé autour de l'évêque-abbé a servi de noyau de condensation démographique. La région a connu une incontestable prospérité aux xve et xvie siècles. Exportant fèves, pois, orges, froments et toiles, elle est l'un des grands foyers de consommation de vin de la péninsule. Les troubles politiques n'ont cependant pas manqué : ainsi, révoltes paysannes du xve siècle, désastres de la guerre de la Ligue, descente espagnole de 1592, révolte du papier timbré menaçant Guingamp, etc. À partir du xviie siècle, le pays somnole : Tréguier, avec ses 3 000 habitants, reste, jusqu'à Renan, une ville très ecclésiastique. Au xixe siècle, les vieux noyaux maraîchers littoraux connaissent, grâce au chemin de fer, une brutale expansion, les ventes sur le marché intérieur étant complétées par les exportations vers l'Angleterre (arrêtées par les tarifs douaniers de 1930). Le développement de l'élevage bovin va de pair avec l'attirance de la maistrance de la marine, « paradis des Trégorrois ». Mais la microfundia de la ceinture dorée littorale, large ici de 10 kilomètres, même doublée par les apports monétaires des rentes des retraités de la marine, ne suffit pas à assurer une vitalité démographique, qui s'effondre entre 1919 et 1939. On peut mettre cet état de choses en relation avec une déchristianisation précoce, inégale, mais profonde par endroits. Face à Tréguier, repliée sur son passé historique, Guingamp, logée dans une cuvette évidée par le Trieux, profite de sa situation sur la ligne ferroviaire principale, ce qui lui a valu de dépasser 10 000 habitants vers 1950 par la grâce d'une industrialisation ; mais elle ne comptait plus que 8 300 habitants en 2007. Seul subsiste un secteur agroalimentaire. Le tourisme (côte de Granite rose) et le développement de Lannion (Centre national d'études des télécommunications par satellites de Pleumeur-Bodou) ont cependant permis un modeste essor de la région. Celui-ci s'est affirmé avec l'implantation d'une technopole appelée Anticipa-Trégor-Lannion, orientée vers les domaines de l'optique et des télécommunications.

— Jean MEYER

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Écrit par

  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Rennes

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Pour citer cet article

Jean MEYER. TRÉGORROIS ou TRÉGOR [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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