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TĪRTHAMKARA

Les tīrthamkara ou tīrthakara, qu'on appelle aussi jinas (« vainqueurs ») ou arhants (« saints parfaits »), sont, dans le jaïnisme, des personnages qui, parvenus à l'omniscience, s'incarnent sur Terre à tour de rôle pour guider les hommes dans la vraie voie du salut (tīrthaṅkara, en sanskrit, veut dire « faiseur de gué », « passeur »), et dont seuls les deux derniers, Pār'sva et surtout Vardhamāna ou Mahāvīra (~ vie s.), appartiennent à l'histoire, les autres plongeant dans un passé immémorial. Selon la croyance jaïna, chaque âge du monde, ainsi que des neuf autres univers, possède une succession, qui lui est propre, de vingt-quatre tīrthamkaras (ce qui donne un total de 720 noms). Dans chaque série, les premiers sont des géants ; la taille des successeurs se rapproche peu à peu de la normale, tandis que leurs apparitions se font à des intervalles moins espacés à mesure qu'on progresse vers le vingt-troisième.

L'iconographie jaïna, qui se refuse à trop singulariser ces êtres parfaits que sont les tīrthamkaras, confère cependant à chacun d'eux des attributs symboliques, dont les détails sont développés dans les textes postcanoniques : l'arbre qui lui est dédié, l'animal et la couleur qui lui sont propres, ses acolytes (un yak'sa et une yak'sinī).

Les noms des vingt-quatre tīrthamkaras de l'ère présente, noms auxquels s'ajoute le suffixe honorifique de nātha (« seigneur »), se rapportent à des songes de leur mère précédant leur naissance ou à d'autres circonstances entourant leur venue au monde. Les légendes relatives aux tīrthamkaras préhistoriques semblent bâties sur le même modèle que celle qui concerne le premier d'entre eux, Ṛṣabha (le « Taureau ») ou Adinātha (le « Maître originel »). Il aurait vécu des milliards d'années, d'abord comme prince puis comme ascète, avant de trouver le nirvāna au Kailāsa ; la communauté jaïna aurait compté, sous son règne, 1 200 000 personnes, et le second de ses cent fils, Gommatha, est honoré par les digambaras dans l'Inde du Sud. Tous les tīrthamkaras appartiennent à la caste guerrière des kṣatriyas. Deux d'entre eux, Suvrata (le vingtième) et Ari'stanemi (le vingt-deuxième) étaient de la tribu du dieu Kṛṣṇa, tandis que les autres se rattachaient à la dynastie Ik'savāku, dont descendrait le dieu Rāma. Le dix-neuvième tīrthamkara fut, selon les shvetambaras, une femme, ce que rejettent les digambaras. Voici le nom, le signe et la couleur des deux derniers tīrthamkaras de l'ère actuelle : Pārshva (« Terre »), le serpent, le vert ; Vardhamāna (« Qui s'accroît »), ensuite appelé Mahāvīra (« Grand Héros »), le lion, l'or.

— Universalis

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Écrit par

  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis. TĪRTHAMKARA [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • GUJARĀTĪ LITTÉRATURE

    • Écrit par Françoise MALLISON
    • 2 580 mots
    ...récité ou joué lors des fêtes religieuses. Les premiers rāsa ont pour thème les récits mythologiques tissés autour des vingt-quatre grands héros tīrthaṃkara du jainisme, tels Bharateśvara-Bāhubali-ghora (1166) de Vrajāsena, ou Bharateśvara-Bāhubali-rāsa (1185) de Śālibhadra. Le charmant...
  • INDE (Arts et culture) - Les doctrines philosophiques et religieuses

    • Écrit par Jean FILLIOZAT
    • 16 660 mots
    • 3 médias
    Le Jina n'a pas été considéré dans son école et sa communauté comme le fondateur d'une nouvelle doctrine, mais comme le dernier venu d'une série de vingt-quatre Jina, dits Tīrthaṅkara, « Faiseurs de gué », c'est-àdire passeurs au-delà de l'océan de la transmigration.
  • INDE (Arts et culture) - L'art

    • Écrit par Raïssa BRÉGEAT, Marie-Thérèse de MALLMANN, Rita RÉGNIER
    • 49 040 mots
    • 67 médias
    On mentionne en premier lieu les vingt-quatre Tīrthaṃkara (ou Tīrthakara, littéralement « Faiseurs de gué »), promoteurs du jaïnisme : personnages masculins, ils sont habituellement figurés « vêtus d'espace » ( digambara), c'est-à-dire complètement nus. Lorsqu'ils sont debout, la...
  • JINISME ou JAÏNISME

    • Écrit par Colette CAILLAT, Marie-Simone RENOU
    • 5 709 mots
    Avec la naissance de Vardhamāna (vie siècle av. J.-C.) se réalise, selon la tradition, l'incarnation du vingt-quatrième et dernier Tīrthaṃkara ou prophète « frayeur de voie ». Car le jinisme semble avoir pris sa source dans un passé lointain, mais si légendaire qu'il ne saurait remonter historiquement...

Voir aussi