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THÉODORE CHASSÉRIAU (C. Peltre)

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Beaucoup reste encore à redécouvrir ou à interpréter dans la peinture française de la première moitié du xixe siècle. C'est dire l'intérêt de la publication d'une monographie consacrée à Théodore Chassériau (Théodore Chassériau, Gallimard, Paris, 2001), écrite par Christine Peltre, professeur à l'université de Strasbourg, une spécialiste de cette période et plus spécifiquement de l'orientalisme, mouvement auquel elle a consacré une étude fort remarquée (Les Orientalistes, Hazan, Paris, 1997). Cet ouvrage est le premier de ce type depuis près de trente ans à aborder tous les aspects de l'activité de Chassériau, de ses débuts précoces, au milieu des années 1830, à sa fin prématurée en 1856. Le livre précédait la présentation, au Grand Palais à Paris, d'une exposition monographique (Chassériau. Un autre romantisme, 26 février-27 mai 2002), reprise au musée des Beaux-Arts de Strasbourg (19 juin-21 septembre 2002) et, dans une version légèrement remaniée avec en particulier l'ajout d'une récente acquisition, le portrait de La Comtesse de La Tour Maubourg, une œuvre importante de l'artiste, au Metropolitan Museum de New York (21 octobre 2002-5 janvier 2003).

Le livre de Christine Peltre ne s'inscrit pas, loin de là, dans un vide historiographique complet : on doit en particulier à Louis-Antoine Prat, l'un des commissaires de l'exposition du Grand Palais, le catalogue de l'ensemble considérable de dessins de l'artiste conservés au Louvre. Mais Christine Peltre a su, dans un premier temps, compléter la documentation, notamment par la découverte de photographies anciennes représentant le décor de l'escalier de la Cour des comptes, à Paris, peint par Chassériau entre 1844 et 1848 et considéré par ses contemporains comme un de ses chefs-d'œuvre, œuvre disparue après les incendies de la Commune, en 1871 (fragments subsistant aujourd'hui au Louvre). C'est surtout la démarche suivie par l'auteur qui fait l'intérêt de l'ouvrage : Christine Peltre situe Chassériau dans son contexte en insistant sur les problèmes de réception. C'est ainsi qu'elle analyse très finement le milieu où le peintre évolua, le Paris mondain et artiste de la monarchie de Juillet et du début du second Empire, nous montrant ainsi un Chassériau perpétuellement en équilibre entre ses aspirations personnelles, qui ont elles-mêmes connu de fortes évolutions, et les attentes réelles ou supposées de ses commanditaires ou de son public. Elle renouvelle ainsi la lecture d'épisodes aussi convenus, dans une vie d'artiste de cette époque, que le séjour en Italie (1840-1841) et le voyage d'Algérie (1846), et permet de mieux apprécier les travaux décoratifs de l'artiste à la Cour des comptes et dans différentes églises parisiennes – Saint-Merri, Saint Roch et Saint-Philippe-du-Roule, de 1841 à 1855) – ou de mieux comprendre son activité de portraitiste, comme de mieux situer ses tableaux de Salon, aujourd'hui la part la plus populaire de son œuvre.

L'exposition du Grand Palais participait d'un projet différent : il s'agissait là non de montrer l'œuvre de Chassériau, dont l'essentiel est conservé au Louvre ou dans diverses institutions publiques françaises, mais de la faire redécouvrir tout en en proposant, à partir des connaissances actuelles, une lecture suggérée par le titre même, « un autre romantisme ». Si le parcours, en grande partie fondé sur la chronologie, était classique, la présentation du Grand Palais était, quant à elle volontairement spectaculaire en rappelant délibérément le xixe siècle des salons, des galeries d'expositions publiques ou privées et de la naissance des musées : murs colorés en vert ou en rouge, rideaux et poufs de velours, fausses portes et vitrines à l'antique.[...]

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne

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Barthélémy JOBERT. THÉODORE CHASSÉRIAU (C. Peltre) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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