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TEATRO COLÓN, Buenos Aires

C'est le 27 septembre 1825 que fut représentée à Buenos Aires, pour la première fois, une œuvre lyrique intégrale : Le Barbier de Séville de Rossini, au Teatro Coliseo. Mais l'actuel Opéra, le Teatro Colón, ne fut inauguré que le 25 mai 1908, avec Aïda de Verdi, après un chantier de vingt ans.

Pour sa construction sur l'Avenida 9 de Julio, l'équivalent argentin des Champs-Élysées, les architectes (Francesco Tamburini, Vittorio Meano et Jules Dormal) concilièrent le style antique, qui prédomine à l'extérieur, et, pour citer Meano : « les caractères généraux de la Renaissance italienne, la bonne distribution et la solidité propres à l'architecture allemande, la grâce, la variété et la bizarrerie de l'ornementation associées à l'architecture française ». Ainsi, plusieurs salles ornementales (le salon Doré, le salon aux Bustes, où se donnent parfois des concerts) évoquent Versailles, et les vitraux monumentaux en coupoles ajoutent à l'impression générale de luminosité scintillante des foyers et des halls d'entrée.

La salle proprement dite, en forme de fer à cheval, est bordée de loges jusqu'au troisième étage. Elle mesure 28 mètres de hauteur, 75 mètres de profondeur et 32,65 mètres de largeur maximale. Cet espace gigantesque – c'est l'une des plus grandes salles d'Opéra du monde – peut accueillir 2 487 spectateurs. Le paradis, particulièrement élevé, est déjà au septième niveau. Le parterre, qui suit une pente légère, est entouré de baignoires fermées par des grilles de bronze, particularité qui permettait aux personnes endeuillées de demeurer cachées. Elles sont aujourd'hui fermées au public.

La coupole, dont les peintures originelles de Marcel Jambon ont été détériorées, a été repeinte par Raùl Soldi : l'écrivain Manuel Mujica Láinez (auteur d'un Bomarzo dont Alberto Ginastera tira un opéra, mis en scène par Alfredo Arias en 2003 au Teatro Colón) y voit un « doux ballet polychrome », représentant la vie théâtrale sous ses différents aspects, danseuses, chanteuses, acteurs de commedia dell'arte, musiciens.

L' acoustique exceptionnelle, qui fait du Teatro Colón un lieu prisé des interprètes, tient aux matériaux utilisés, à la configuration de la salle, à la courbe de l'avant-scène, à la forme de la fosse d'orchestre. Le moindre murmure sur scène est parfaitement audible en tout point de la salle.

Depuis 1990, le Centre d'expérimentation de l'opéra et du ballet du Teatro Colón propose, au sous-sol, dans un environnement de colonnades et de briques autrefois destiné à abriter des décors en construction, des spectacles chorégraphiques et théâtraux.

Entre 1908 et 1924, le Teatro Colón fut exploité par un groupe privé de concessionnaires italiens, ce qui explique que la plupart des opéras aient été donnés précisément en italien. Son activité se réduisait alors à une saison de trois mois où Wagner était particulièrement représenté : Siegfried, en 1909, L'Or du Rhin, l'année suivante.

Dès 1910, les vedettes du monde entier se succèdent dans la « capitale européenne » de l'Amérique du Sud : cette année-là, la grande Conchita Supervia interprète Blanca de Beaulieu de Cesare Stiattesi. En 1912, Arturo Toscanini ne dirige pas moins de quinze opéras sur les dix-sept inscrits au programme de la saison. Et s'il ne prend pas la baguette pour Roméo et Juliette et Werther, c'est qu'il ne s'entend pas avec le ténor Giuseppe Anselmi...

En 1913, Diaghilev vient présenter ses Ballets russes avec Michel Fokine. Deux ans plus tard, Caruso chante Aïda, Paillasse, Manon Lescaut, Manon et Lucia di Lammermoor. La même année, les premiers concerts symphoniques sont organisés, instituant une tradition qui permettra aux plus grands orchestres européens et américains[...]

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René de CECCATTY. TEATRO COLÓN, Buenos Aires [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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