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TAL COAT PIERRE JACOB dit (1905-1985)

Le peintre Tal Coat est décédé le 12 juin 1985 à son domicile de la « Chartreuse » de Dormont à Saint-Pierre-de-Bailleul dans l'Eure.

Fils de pêcheur, né à Clohars-Carnoët près de Quimperlé le 12 décembre 1905, Pierre Jacob ne prendra le pseudonyme de Tal Coat (« Front de bois ») qu'en 1926, pour se distinguer d'un autre Quimpérois déjà célèbre, Max Jacob. Attiré très tôt par le dessin et la sculpture (notamment sous l'influence de Rodin), il exerce divers métiers (dont celui de mouleur et peintre céramiste à la faïencerie de Quimper) avant de se consacrer à la peinture. À partir de 1924, il séjourne à Paris où a lieu, en 1927, sa première exposition personnelle chez Auguste Fabre et Henri Bénézit, rue de Miromesnil : un ensemble de tableaux, de dessins et de pastels à personnages, dont le réalisme robuste et expressif retient l'attention des collectionneurs. De retour dans son pays natal cette même année, il s'installe à Doëlan où il exécute une série de paysages — la nature est déjà sa principale source d'inspiration — et entame, sur les médiums et les pigments, des recherches très personnelles, promises à un bel avenir. Durant quelques années encore, son évolution semble toutefois hésitante : les contacts qu'il noue à Paris, en 1930, avec l'Académie scandinave (Despiau, Dufresne, Friesz, Waroquier), sa participation au groupe « Forces nouvelles » (Rohner, Humblot, Lasne) le cantonnent dans un style figuratif d'une rigueur géométrique et d'une plasticité dense, à travers lequel il s'efforce, comme tant d'autres, de concilier l'apport du cubisme et la tradition « classique » française ; sa production se signale à cette époque par des portraits d'un réalisme austère et monumental (Portrait de Broncia, 1934, coll. part., Paris ; Portrait de Gertrude Stein, 1935, galerie H. Bénézit, Paris, pour lequel il obtient, en 1936, le prix « Paul Guillaume »). C'est durant cette période qu'il se lie d'amitié avec Alberto Giacometti et le peintre Francis Gruber. L'année 1937 marque un tournant capital dans sa création : bouleversé par la guerre d'Espagne, il opte alors pour un expressionnisme violent et tragique, dans le graphisme comme dans le coloris (suite des Massacres, 1936-1937). Cet épisode est cependant de courte durée : à partir de 1938, Tal Coat se tourne définitivement vers la nature, peignant surtout des paysages, lors des séjours qu'il effectue en Bretagne, en Bourgogne et en Île-de-France où il est mobilisé.

Fixé à Aix-en-Provence à l'automne de 1940, il y réside jusqu'en 1954 mais continue à voyager à Paris et en Bourgogne. Pendant la guerre, ses recherches se concentrent sur le rendu de l'espace et de la lumière : il peint de nombreux paysages, mais aussi des natures mortes où la double influence de Picasso et de Matisse est très sensible (Sur la table, 1945, coll. part., Paris). Lors d'un séjour à Paris en 1945-1946, il fréquente l'Aquarium du Trocadéro et le Jardin des Plantes, et approfondit sa démarche en étudiant le mouvement et la transparence des éléments, libérés du carcan des contours et des formes (suites des Aquariums et des Poissons, 1945-1946, puis des Sources et des Cascades, 1947-1948). Parallèlement, sa vision du paysage, influencée par l'art d'Extrême-Orient, se fait de plus en plus dépouillée et abstraite, tandis que se précise sa conception d'un espace illimité : en témoigne une série de toiles et de grands dessins à l'encre de Chine, exécutés dans le Midi à partir de 1946 (suites des Yerdons, 1946-1947, et des Rochers, 1947-1950). En 1948, au moment de sa période « glauque », Tal Coat rencontre le poète André du Bouchet, avec lequel il aura de fructueuses conversations sur la peinture.

Installé à Forges-les-Bains,[...]

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Pour citer cet article

Robert FOHR. TAL COAT PIERRE JACOB dit (1905-1985) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ESPACE, architecture et esthétique

    • Écrit par Françoise CHOAY, Universalis, Jean GUIRAUD
    • 12 347 mots
    • 4 médias
    Au moment d'entrer dans son atelier, Tal Coat s'arrête et dit : « La peinture, pour moi, monsieur, c'est une question d'espace – Et qu'est-ce que l'espace ? – C'est, répond-il, une certaine courbure. »

Voir aussi