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SŪR-DĀS (1503-1563)

La dévotion à Krishna (Kṛṣṇa), dernière incarnation (avatāra) de Vishnu (Viṣṇu), prend une extension considérable dans l'Inde du Nord à partir du xiie siècle. Sur le plan littéraire, elle se manifeste d'abord par le célèbre Gītā-Govinda de Jayadéva (xiie s.), écrit en langue sanskrite, puis par d'innombrables poèmes rédigés dans des parlers vernaculaires (notamment bengalî, hindî, gujeratî). La prédication de Chaïtanya (1485-1533) et l'œuvre théorique de Vallabha (1479-1531) ajoutent au prestige de ce mouvement qui, dès lors, sera prépondérant dans la religion populaire de la plaine gangétique. Parmi les poètes qui s'inscrivent dans cette ligne, le plus important est, sans conteste, le brahmane Sûrdâs, que la tradition fait naître à Agra dans une famille de bardes professionnels. On sait peu de choses de sa vie, sinon qu'il fut aveugle, peut-être de naissance, et qu'il dut s'exiler, à un moment de son existence, dans un pays voisin pour échapper à des persécutions exercées par l'empereur Aurangzèb. Son prestige fut et demeure immense ; son œuvre comprend des milliers de poèmes en langue braj (dialecte hindî). L'inspiration principale en est la louange de Krishna enfant et adolescent : inlassablement, le poète chante les espiègleries du bambin divin et ses amours de jeunesse avec sa maîtresse Râdhâ et les fermières (gopî) du Gôvardhan (la terre sainte du krishnaïsme, sur les bords de la Yamunâ, affluent de rive droite du Gange). La pureté de son style, la richesse de son inspiration font de lui l'un des deux ou trois plus grands poètes des littératures indiennes modernes en langues indo-âryennes.

— Jean VARENNE

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, professeur à l'université de Lyon-III

Classification

Pour citer cet article

Jean VARENNE. SŪR-DĀS (1503-1563) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • HINDĪ LANGUE & LITTÉRATURE

    • Écrit par Nicole BALBIR, Charlotte VAUDEVILLE
    • 8 335 mots
    ...affermie par une longue lignée de poètes dont les plus célèbres sont appelés les « Huit Sceaux » de la poésie hindī. Le premier et le plus grand de la lignée est Sūr-Dās (1503-1563), fils d'un musicien de la cour d'Akbar et musicien lui-même, auteur d'innombrables chansons à la louange de Krishna-Gopāl.
  • INDE (Arts et culture) - Langues et littératures

    • Écrit par Jean-Pierre DURIX, Jacqueline FILLIOZAT, François GROS
    • 10 472 mots
    • 3 médias
    ...lieux saints avec notamment l'école littéraire de l'Aşṭachāp (« les huit sceaux », groupant huit poètes), fidèle aux doctrines vallabhites. Le plus illustre poète lyrique en langue braj est Sūrdās, l'auteur du célèbre Sūrsāgar (xvie s.), recueil de chants de dévotion à Kṛṣṇa, répétant...
  • PASTORALE, genre littéraire

    • Écrit par Daniela DALLA VALLE CARMAGNANI, Jacqueline DUCHEMIN, ETIEMBLE, Charlotte VAUDEVILLE
    • 6 864 mots
    Au xvie siècle, la tradition de la « pastorale » en langues indiennes trouve son plus bel épanouissement chez Sūr-Dās, l'un des plus grands poètes lyriques indiens. Musicien consommé et ardent dévot de Kṛṣṇa-Gopāl, Sūr-Dās, « le barde aveugle du Braj », est le chantre inspiré de la geste du dieu-pasteur....

Voir aussi