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SOCLE, géologie structurale

En géologie structurale, on peut définir le socle comme un large ensemble de roches qui ont subi une ou plusieurs phases de déformation intense, une ou plusieurs phases de métamorphisme régional, une ou plusieurs granitisations, des intrusions de type varié acides ou basiques, le tout accompagné et suivi par une érosion et une pénéplanisation. Une fois ce bâti réalisé, une succession de transgressions marines, lacustres, etc., étagées dans le temps, recouvrent complètement ou en partie le bâti érodé, permettant ainsi le dépôt de roches sédimentaires horizontales dont les plans de stratification font un angle plus ou moins fort avec les plans de foliation ou de stratification des roches érodées sous-jacentes. Cet ensemble de roches sédimentaires nouvellement déposées est appelé couverture (sous-entendu du socle sous-jacent).

L'analyse de la géologie de nombreuses régions du monde a mis en évidence le fait que les socles sont le plus souvent d'âge précambrien (600 millions d'années et plus). Mais, en d'autres endroits, les roches du socle peuvent être plus jeunes : paléozoïques (ère primaire), mésozoïques (ère secondaire), voire cœnozoïques (ère tertiaire).

Le sens du mot socle peut parfois être compris un peu différemment : couche crustale située sous les couches sédimentaires et au-dessus de la discontinuité du Mohorovičić. Cette signification est moins usitée que celle qui a été développée plus haut. Signalons enfin qu'en géologie appliquée le mot socle n'a plus qu'une valeur relative lorsqu'il désigne des roches situées en discordance prononcée sous des roches de couverture dans lesquelles se trouvent des gisements de charbon ou de pétrole.

Il faut se garder de faire la confusion entre les notions de socle et de couverture, séparés par une discordance, et entre les notions d'infrastructure et de superstructure, introduites par C. E. Wegmann pour désigner des niveaux tectoniques appartenant à une même période orogénique. En effet, au cours d'un cycle orogénique, les phénomènes principalement métamorphiques (dont la migmatisation), intrusifs et tectoniques se rangent dans l'infrastructure « chaude », qui inclut la plus grande partie du socle, et dans la base d'une partie de la couverture. Le reste, à peu près dépourvu d'intrusions, peu métamorphisé, tectonisé selon un style tectonique différent de celui de l'infrastructure, constitue la superstructure froide. Par conséquent, les structures anciennes du socle, situées dans l'infrastructure au cours du cycle orogénique envisagé, sont déformées à nouveau de façon souple et cassante ; un ou plusieurs métamorphismes nouveaux s'ajoutent au métamorphisme ancien, des intrusions acides ou basiques recoupent les structures et intrusions anciennes visant à l'effacement des structures du bâti ancien. La discordance initiale socle-couverture est à peu près conservée lorsqu'elle est située dans la superstructure. Elle est, dans la plupart des cas, effacée lorsqu'elle se situe dans l'infrastructure. L'érosion, active très tôt, par rapport au déroulement du nouveau cycle orogénique, ne cesse de détruire la chaîne de montagnes en voie d'édification, pour tenter d'établir une nouvelle pénéplaine sur laquelle la mer pourra transgresser et déposer de nouveaux sédiments (couverture nouvelle).

— Serge BOGDANOFF

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Pour citer cet article

Serge BOGDANOFF. SOCLE, géologie structurale [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AMÉRIQUE (Structure et milieu) - Géologie

    • Écrit par Jean AUBOUIN, René BLANCHET, Jacques BOURGOIS, Jean-Louis MANSY, Bernard MERCIER DE LÉPINAY, Jean-François STEPHAN, Marc TARDY, Jean-Claude VICENTE
    • 24 158 mots
    • 23 médias
    La chaîne andine stricto sensu (Andes à ophiolites exclues) est une chaîne de socle qui s'étend sur plus de 450 kilomètres de largeur, et dont la direction globale est nord-nord-est - sud-sud-ouest. Son histoire géologique l'apparente plus au bloc sud-américain, dont le socle constitue l'ossature...
  • AMÉRIQUE (Structure et milieu) - Géographie

    • Écrit par Jacqueline BEAUJEU-GARNIER, Danièle LAVALLÉE, Catherine LEFORT
    • 18 105 mots
    • 9 médias
    ...forme essentiellement les abords de la baie d'Hudson, qu'il encadre sur une largeur d'environ 1 000 kilomètres, et se prolonge par la terre de Baffin. Il se présente sous la forme d'un vieux plateau constitué de roches fort anciennes, archéennes et primaires, de nature cristalline, volcanique ou sédimentaire,...
  • ARCHÉEN

    • Écrit par Hervé MARTIN
    • 3 036 mots
    • 5 médias
    Représentantenviron 80 p. 100 des terrains archéens, le socle granito-gneissique est généralement constitués de gneiss gris, c'est-à-dire d'anciens granitoïdes déformés et métamorphisés. Ils se présentent aujourd'hui sous forme de roches rubanées constituées d'une alternance de lits quartzo-feldspathiques...
  • ASIE (Structure et milieu) - Géologie

    • Écrit par Louis DUBERTRET, Universalis, Guy MENNESSIER
    • 7 933 mots
    La péninsule Arabique est une vaste plate-forme, à socle précambrien surmonté de sédiments non métamorphiques, allant du Cambrien moyen au Pléistocène ; des laves crétacées et cénozoïques y couvrent de larges étendues.
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Voir aussi