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SAORA

Tribu aborigène localisée principalement en Orissa (Inde). On en compte environ 256 000 (400 000 si l'on y inclut les Saora assimilés à la population hindoue). Seuls les Saora des districts de Ganjam et Koraput ont conservé leur culture originale : langue, civilisation matérielle, structures sociales et religion.

La langue des Saora se rattache au groupe munda, mais a fait quelques emprunts à l'oriya et au telugu. Elle est parlée exclusivement par les Lamba Lanjia Saora (Saora de la montagne) dans les districts de Canjam et de Koraput. En perdant leur culture propre, les Shuddho Saora (Saora de la plaine) ont abandonné leur langue au profit de l'oriya ou du telugu. Ils ont aussi souvent émigré dans les États voisins (Madhya-Pradesh, Andhra-Pradesh, Chattisgarh).

Les Lamba Lanjia Saora sont essentiellement agriculteurs. Sur le sommet des collines et sur les pentes escarpées, ils pratiquent l'écobuage (éleusine, sorgho, millet, cajan, etc.). Dans les zones déboisées et au fond des vallées, ils se livrent à la riziculture aquatique sur des terrasses irriguées et drainées. La cueillette joue aussi un rôle très important dans leur alimentation : elle leur donne le vin de palme et l'alcool de fleurs de mahua, tous deux utilisés lors de certains rituels, et un grand nombre de plantes alimentaires. En revanche, la chasse n'a pas de vocation alimentaire ; elle est surtout ludique ou rituelle. Les Saora n'ont, cependant, pas de tabou alimentaire et mangent toutes les viandes à l'exception de leurs animaux familiers (chiens et chats).

Les femmes sont habituellement vêtues d'une jupe en coton blanche ou noire et gardent la poitrine nue ; leurs cheveux huilés sont ramenés en chignon derrière la tête. Elles portent de nombreuses bagues, des colliers et des bracelets en cuivre ou en alliage de bronze. Les colliers en argent ne sont mis qu'à l'occasion des fêtes. Les hommes sont généralement vêtus d'un pagne en coton. Cependant, ces tenues traditionnelles ont tendance à disparaître.

Les Saora vivent dans des petits villages de trois cents habitants en moyenne, accrochés au flanc de la montagne. Chaque village est divisé en écarts (long-long) qui regroupent les représentants d'une lignée (birinda). Dans les écarts, les maisons forment des rues et des quartiers ; ceux-ci sont habités par les membres d'un même lignage (subdivision de la lignée), regroupés ainsi autour de leur temple.

Une birinda regroupe les descendants en ligne paternelle d'un ancêtre commun plus ou moins mythique ; elle est exogame, mais l'exogamie est en fait double : un ego (homme ou femme) ne peut épouser quelqu'un de la birinda de son père ni de celle de sa mère. En dehors de ces limites, un Saora peut épouser celle qu'il désire avec ou sans l'intervention de ses parents.

Les Saora ont leur religion propre et, si quelques dieux de l'hindouisme font aujourd'hui l'objet d'un culte, l'osmose est très lente et reste faible. Dieux, déesses, démons et ancêtres font aujourd'hui partie du panthéon et sont rendus responsables de tous les maux et de toutes les joies. De nombreux rituels sont nécessaires au maintien de l'équilibre du monde en général : rituels préventifs, curatifs, de remerciement. Les rituels funéraires sont les plus importants : après la crémation, l'âme du mort erre sur la terre dans le « royaume des ombres » ; afin de lui permettre de quitter cet état et de rejoindre le « royaume des dieux », différentes cérémonies doivent avoir lieu, en particulier celle du guar au cours de laquelle on érige une pierre qui ressemble fort aux mégalithes de l'Occident ; on y consomme aussi un ou plusieurs buffles après les avoir tués, dépecés et cuits selon la tradition. La plupart de ces rituels exigent des sacrifices d'animaux (poules, cochons, chèvres ou buffles).[...]

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Christian PETIT. SAORA [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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