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PEPYS SAMUEL (1633-1703)

Né à Londres le 23 février 1633 dans une famille modeste (son père était tailleur), Samuel Pepys obtint une bourse pour faire ses études à Magdalene College (Cambridge). Un cousin de son père, Edward Montagu, plus tard comte de Sandwich, conseiller auprès de Cromwell, l'engagea comme secrétaire. Pepys épousa alors une jeune fille de quinze ans, fille d'un huguenot émigré. Après la chute du Commonwealth de Cromwell en 1659, il participa, avec Montagu, à la restauration de la monarchie en faisant revenir de Hollande le roi Charles II, ce qui lui assura très vite un poste très important au gouvernement, en particulier aux affaires maritimes. Soucieux de développer — ce qu'il fit avec succès — la puissance navale de son pays, il obtint en 1673 la charge de secrétaire de l'Amirauté (ministre de la Marine) et entra au Parlement. Injustement impliqué dans une affaire d'assassinat et dans un complot papiste, il tomba en disgrâce en 1679 mais reprit ses fonctions en 1684. Élu à l'Académie des sciences (Royal Society) en 1665, il en fut le président de 1684 à 1686 et compta parmi ses amis tous les esprits de son temps, dont Christopher Wren, Isaac Newton ou John Dryden. Il abandonna la politique en 1689 après la fuite de Jacques II en France. Il publia néanmoins en 1690 ses Mémoires relatifs à l'état de la marine royale et mourut à Londres le 26 mai 1703.

Pepys tint son Journal entre le 1er janvier 1660 et le 31 mai 1669. Il le garda secret et, pour ce faire, le rédigea dans une sténographie décrite au début du xviie siècle par Thomas Shelton (La Tachygraphie, 1635). Pourquoi rédiger ce Journal ; Si Pepys ne donne pas de raisons, on peut néanmoins mettre en avant son goût très affirmé pour l'histoire et la politique, son désir de n'en rien perdre alors que l'Angleterre vivait de profondes mutations ; son souhait de rendre compte, non sans vanité, du développement de sa propre carrière qui s'annonçait brillante ; son intérêt d'« honnête homme » pour le progrès des arts et des sciences ; le souci très puritain d'autodiscipline, le souhait de débattre avec lui-même pour corriger ses travers ; son goût pour l'ordre, la classification et l'organisation ; enfin, et avant tout, cette passion pour lui-même, présenté comme juge et partie, acteur et public, mais toujours soucieux de dire la vérité, même à son désavantage. Très doué pour la jouissance, malgré ses sursauts de mauvaise conscience, tout entier à son plaisir dans l'évocation de ses succès professionnels, de ses fréquentes infidélités conjugales ou de moments plaisants passés avec des amis, Pepys est amoureux de l'existence, et son Journal, loin d'être une chronique desséchée, est un univers foisonnant. Document historique du plus haut intérêt sur la vie politique, sociale et artistique à Londres, il dépeint aussi bien les débats au Parlement que les spectacles en vogue ou encore les moments terribles que furent la grande peste et le grand incendie de Londres. Scènes de ménage et intrigues amoureuses y côtoient les relations de Pepys avec le roi et ses ministres, tout étant traité avec la même quête d'objectivité. Plus que simple témoin, le lecteur est amené à partager les expériences du narrateur, décrites dans un style le plus souvent elliptique et incisif. Avec Pepys chroniqueur, c'est de la vie même qu'il s'agit.

— Pascal AQUIEN

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, docteur de troisième cycle, ancien élève de l'École normale supérieure de Saint-Cloud, maître de conférences à l'université d'Amiens, École supérieure de chimie

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Pascal AQUIEN. PEPYS SAMUEL (1633-1703) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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