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FRANÇOIS SAMSON (1924-1970)

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« Samson de la nuit »

Samson François - crédits : Erich Auerbach/ Hulton Archives/ Getty Images

Samson François

Les romantiques – Chopin et Schumann essentiellement – et les musiciens français – Fauré, Debussy et Ravel – constituent le noyau dur de son répertoire. Cependant, sa fringale de musique supporte mal les frontières et la dictature des conventions. Il se passionne donc pour Scriabine, Bartók, Hindemith et Prokofiev. Soliste avant tout, Samson François ne s'intéressera à la musique de chambre qu'à la fin de sa vie, avec quelques pages de Franck et de Fauré. Il s'adonne aussi à l'art bien difficile de l'improvisation. Grand amateur de jazz, il n'hésite pas à en jouer – il écrit même quelques pièces pour la chanteuse américaine Peggy Lee –, et compose aussi quelques musiques de film (notamment celle de Ballade pour un voyou, de Jean-Claude Bonnardot, 1962). Le personnage fascine et le réalisateur Claude Santelli lui consacrera plusieurs documentaires, parmi lesquels Portrait d'un pianiste (1967).

« Il y a longtemps que je voulais faire un pacte avec le diable mais il n'a jamais voulu de moi », avait-il déclaré. Mais les excès en tout genre auxquels Samson François s'abandonne ont un prix. Dès la fin des années 1960, le déclin tant physique qu'artistique de cet immense musicien ne peut plus s'ignorer. Les fulgurances se font de plus en plus rares, les doigts ne suivent plus, un grave laisser-aller s'instaure. Celui qui n'est plus que l'ombre de lui-même peine maintenant à terminer ses concerts. En 1968, il est victime d'un infarctus sur scène. Il n'a que quarante-six ans quand il meurt à Paris, le 22 octobre 1970, laissant inachevée une intégrale de l'œuvre pour piano de Debussy.

Samson François a laissé une trace aussi profonde qu'irritante dans le répertoire qu'il s'était choisi. Son héritage discographique propose tout à la fois d'inaccessibles sommets et d'amères désillusions. Sa technique, manifestement transcendante, peut le trahir à tout moment. Ce qui ne l'empêche pas de frôler les précipices dans Liszt ou Prokofiev avec une allure inimitable. Dans Chopin, au-delà de sérieuses baisses de tension, d'improbables rubatos et de fréquentes scories digitales, ce musicien de l'instant fait triompher un tempérament de feu, une patte de velours et des intuitions poétiques qui confinent au génie : les quatre Scherzos et les quatre Impromptus, ainsi que les Polonaises no 1 à 10, notamment, semblent avoir été écrits pour lui. Schumann, avec ses élans fous et ses vagues rêveries, convient admirablement à cet esprit fantasque. La magie des couleurs et le charme du toucher le rendent irrésistible dans Debussy et Ravel. Toutes les extravagances, toutes les défaillances de Samson François ne sont rien. Reste pour l'éternité une immense leçon de liberté et de vie.

— Pierre BRETON

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Pierre BRETON. FRANÇOIS SAMSON (1924-1970) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 10/02/2009

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Samson François - crédits : Erich Auerbach/ Hulton Archives/ Getty Images

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