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ACCARDO SALVATORE (1941- )

Aux xixe et xxe siècles, l'école italienne du violon n'est pas la plus fournie en virtuoses de l'histoire de l'instrument. Si elle paraît en retrait comparée à ses sœurs russe, franco-belge ou allemande, elle n'en offre pas moins quelques étoiles de première grandeur, parmi lesquelles émerge la forte personnalité de Salvatore Accardo, technicien d'une rare sûreté et styliste au lyrisme sobre et chaleureux.

Salvatore Accardo naît à Turin le 26 septembre 1941. Son premier maître est Luigi D'Ambrosio – fils du célèbre fondateur de l'école de Bologne –, au Conservatorio di San Pietro a Majella de Naples. En 1955, Accardo obtient un troisième prix au concours international Giovanni Battista Viotti de Vercelli (Italie), avant même d'avoir obtenu son premier prix de violon au Conservatoire de Naples. Il le décroche en 1956, en même temps qu'il parvient en finale du concours international d'exécution musicale de Genève ; il étudie également avec Yvonne Astruc à l'Accademia musicale Chigiana de Sienne. Au concours international Premio Paganini de Gênes, il obtient en 1957 un deuxième prix ex æquo avec Pierre Doukan (premier prix non décerné) et le premier prix devant Jean-Pierre Wallez en 1958, année où il remporte également le Trofeo Primavera de la R.A.I.

Accardo est tout d'abord happé par la carrière de virtuose et multiplie les tournées en Europe et sur le Nouveau Continent. Son répertoire, l'un des plus vastes qui soient, s'étend de Vivaldi et Bach aux compositeurs de son temps. Il se fait rapidement une réputation dans la musique de Paganini – avec les acrobatiques Vingt-quatre Caprices et les six concertos pour violon, dont il enregistre une intégrale avec Charles Dutoit à la tête de l'Orchestre philharmonique de Londres – et donne pour le disque l'intégrale de l'œuvre pour violon et orchestre de Max Bruch avec le Gewandhaus de Leipzig sous la direction de Kurt Masur. Les concertos de Bartók, Prokofiev et Penderecki figurent régulièrement à ses programmes. À son intention, Astor Piazzolla écrit sa Milonga en , pour violon et piano (1967), et Walter Piston sa Fantasia, pour violon et orchestre (1970). Accardo crée Argot, pour violon solo, de Franco Donatoni (1979), Dikhthas, pour violon et piano, de Iannis Xenakis, avec Bruno Canino (1980), Capricci, pour violon (1976) et Allegoriadellanotte, pour violon et orchestre (1985), de Salvatore Sciarrino.

L'inlassable curiosité d'Accardo lui ouvre bien d'autres horizons. Il fonde en 1968 à Turin l'Orchestra da Camera Italiana, avec lequel il se produit fréquemment. De 1972 à 1977, il est même – après Felix Ayo (1952-1968) et Roberto Michelucci (1968-1972) – le premier violon de l'illustre ensemble I Musici, l'un des plus importants artisans de la redécouverte, au début des années 1950, du répertoire instrumental et du style d'interprétation de la musique baroque italienne. Cela ne l'empêche pas de se consacrer avec passion à la musique de chambre, grâce, notamment, au duo particulièrement bien accordé qu'il forme avec le pianiste Bruno Canino. Il enseigne aussi à l'Accademia musicale Chigiana (1973-1980) et anime, dans un esprit proche de celui qui règne à Prades – fief de Pablo Casals et d'Isaac Stern – ou à Lockenhaus – sous l'égide de Gidon Kremer –, les Semaines musicales internationales de Naples. En 1987, année même où il publie son ouvrage L'Arte delviolino (avec M. Delogu, Rusconi, Milan), il dirige au festival de Pesaro un opéra de Rossini, L'Occasione fa il ladro. En 1994, il est nommé chef principal de l’orchestre du Teatro San Carlo à Naples. Deux ans plus tard, il redonne vie à l'Orchestra da Camera Italiana en prenant sa direction musicale. Avec cette formation, il enregistre notamment une intégrale des[...]

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Pierre BRETON. ACCARDO SALVATORE (1941- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )