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RICCIOTTI RUDY (1952- )

L’éloquence de l’œuvre de Rudy Ricciotti lui vaut d’être considéré comme une des figures marquantes de la scène architecturale française contemporaine. Il a été consacré en 2006 par le grand prix national d’architecture et, en 2013, par une exposition monographique (Ricciotti, architecte, Cité de l’architecture et du patrimoine, 11 avril-8 septembre) qui met en lumière un architecte au plus fort de son activité créatrice et professionnelle. Une sélection de trente projets – réalisés ou non – et la présence de fragments d’architecture grandeur nature ont permis de percevoir la singularité de la démarche de Rudy Ricciotti, notamment son attachement aux logiques constructives qui, selon lui, participent de l’identité des bâtiments tout autant que le programme ou l’intention du concepteur. Non content de souligner une interaction revendiquée avec diverses formes d’art, le dialogue instauré entre ces traces tangibles des architectures de Rudy Ricciotti et les créations qu’elles ont pu inspirer à d’autres (l’artiste Yvan Salomone, le maquettiste Danilo Trogu et la cinéaste Laetitia Masson) dévoilait un univers métaphorique propre à un architecte ayant su cultiver son image de frondeur méridional. La mise en perspective de son travail renvoyait au caractère intrinsèquement duel d’une architecture puisant autant dans la matérialité que dans le lyrisme, dans la technicité que dans la plasticité, dans le brutalisme que dans la sophistication.

L’architecte, l’édifice et le territoire

Né à Alger en 1952 mais ayant passé une grande partie de son enfance entre Camargue et cité phocéenne, Rudy Ricciotti se forme à l’architecture au sein de l’École technique supérieure de Genève (1975) et de l’École d’architecture de Marseille (1980). En 1980, il ouvre une agence à Bandol (Var) où il exerce toujours. L’imaginaire balnéaire qu’il cultive alors trouve un aboutissement dans la réalisation de quelques villas et équipements publics, parmi lesquels le collège de Sausset-les-Pins (1994) et la base nautique de Bandol (1988). Il est surtout remarqué pour le Centre d’information et de coordination routière (Marseille, 1992) et le Stadium (Vitrolles, 1994). Cette salle de spectacle, qui prend la forme d’un rugueux monolithe de béton émergeant d’un paysage aride, est souvent présentée comme la première manifestation d’une écriture architecturale personnelle qui ne cessera de s’affiner au cours des décennies suivantes, notamment lorsque Rudy Ricciotti, dans une fructueuse collaboration avec son fils aîné (Lamoureux & Ricciotti ingénierie), fera du béton fibré ultra-performant son matériau de prédilection.

Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée, Marseille - crédits : L. Riciotti

Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée, Marseille

Très sensible au contexte dans lequel sont conçues ses architectures, Rudy Ricciotti prend en compte les données géographique, historique, urbaine et symbolique des sites qu’il a à investir. Cela le conduit à réaliser des édifices très extravertis, à l’image du Pavillon noir (Aix-en-Provence, 2006), du musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MuCEM, Marseille, 2013), du siège d’I.T.E.R. (Saint-Paul-lès-Durance, 2012) ou encore du stade Jean Bouin (Paris, 2013). À l’inverse, il peut aussi concevoir des architectures invitant au repli, dans une quête d’intériorité qui donne à la médiathèque de Colomiers (2011), à la Maison de l’emploi et de la formation (Saint-Étienne, 2010), au pôle de services Eureka (Montpellier, 2012) et au Centre culturel Aimé-Césaire (Gennevilliers, 2013) un caractère particulièrement protecteur. Rudy Ricciotti élabore parfois les édifices par analogie avec le paysage environnant, comme à Gstaad, où la silhouette de l’auditorium symphonique « Les Arts de Gstaad » (Suisse, prévu pour 2015) devrait entrer en résonance avec les montagnes environnantes. Il procède également selon une logique d’effacement que vient illustrer le projet de [...]

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Écrit par

  • : historienne de l'architecture, maître de conférences en histoire de l'architecture contemporaine à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

Éléonore MARANTZ. RICCIOTTI RUDY (1952- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée, Marseille - crédits : L. Riciotti

Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée, Marseille

Cour Visconti du musée du Louvre, Paris - crédits : Philippe Ruault

Cour Visconti du musée du Louvre, Paris

Autres références

  • LOUVRE PALAIS DU

    • Écrit par Universalis, Daniel RABREAU
    • 2 037 mots
    • 7 médias
    ...notons l'ouverture, en 2012, du huitième département du Louvre, les Arts de l'Islam, dans les nouveaux espaces de la cour Visconti, où les architectes Rudy Ricciotti et Mario Bellini ont conçu un voile de verre transparent à l’aspect extérieur irisé destiné à couvrir les salles. Le musée conforte sa notoriété...

Voir aussi