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ROSNY AÎNÉ JOSEPH HENRI BOEX dit J.-H. (1856-1940)

Écrivain belge d'expression française. Très lié au milieu littéraire de son temps il est en 1887 l'un des signataires du fameux « Manifeste des Cinq », dirigé contre La Terre d'Émile Zola ; il sera membre de l'Académie Goncourt dès la fondation de celle-ci et en assurera la présidence jusqu'à sa mort, J.-H. Rosny est longtemps resté pour le grand public l'auteur de la seule Guerre du feu (1911). C'est la puissante évocation, aux accents hugoliens, de la vie d'une tribu d'hommes préhistoriques et de leurs efforts pour retrouver le feu perdu. Mais Rosny a composé également d'excellents romans de science-fiction, qui font de lui le véritable ancêtre du genre en France, et bien plus que Jules Verne, malgré les apparences.

Bien qu'il ait une culture scientifique exceptionnellement vaste et abondante, Rosny aîné, à la différence d'un Verne ou même d'un Wells, s'intéresse moins à ce qu'on pourrait appeler l'aspect « technologique » de ses récits (description d'une invention, etc.) qu'aux résonances humaines qu'ils contiennent. L'un de ses plus beaux textes, La Mort de la Terre (1910), décrit ainsi la lente extinction des hommes, victimes de la disparition complète de l'eau, et leur remplacement progressif par une forme de vie tout à fait différente, les ferromagnétaux. Certains de ses romans, comme Les Navigateurs de l'infini (1927) et surtout Les Compagnons du cosmos (1934), lui permettent d'exposer ses conceptions philosophiques sur l'avenir de l'espèce humaine. Dès 1887, son premier texte de science-fiction publié, Les Xipéhuz, témoignait de préoccupations analogues : les hommes primitifs doivent lutter contre les xipéhuz, créatures géométriques capables de détruire leurs adversaires en les faisant brûler ; les hommes l'emportent finalement, mais il s'en est fallu de peu, et la leçon du récit est simple : l'humanité n'est pas la reine de la création, mais une occupante provisoire.

Le frère cadet de J.-H. Rosny, Justin-François Boex (1859-1948), a, de son côté, outre sa collaboration avec son frère, de 1893 à 1907, sous le pseudonyme commun de J.-H. Rosny (mais il semble que sa part personnelle ait été faible), écrit des romans se rattachant à la science-fiction, dont le plus réussi est sans doute Le Destin de Marin Lafaille (1945).

— Jean-Paul MOURLON

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Écrit par

  • : maître ès lettres modernes, professeur au lycée de Tiaret, Algérie

Classification

Pour citer cet article

Jean-Paul MOURLON. ROSNY AÎNÉ JOSEPH HENRI BOEX dit J.-H. (1856-1940) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ROMAN POPULAIRE

    • Écrit par Jean TULARD
    • 4 060 mots
    ...Se trouve préservé également de l'usure le roman fantastique, dont la diversité est extrême et qui va du récit préhistorique, où s'illustrent Rosny aîné et Haraucourt, aux anticipations scientifiques de Gustave Le Rouge (La Guerre des vampires, Le Docteur Cornélius,...), de Jean de La Hire,...
  • SYMBOLISME - Littérature

    • Écrit par Pierre CITTI
    • 11 859 mots
    • 4 médias
    ...À rebours et la gloire de Verlaine. Peu d'écrivains de cet âge échappent au symbolisme, et tous en sont marqués à des degrés divers, même Rosny aîné ou Paul Margueritte qui commencent une carrière de romanciers naturalistes, mais répudient Zola en 1887 (le Manifeste des cinq). Pour elle,...

Voir aussi