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PENROSE ROLAND (1900-1984)

Avec Roland Penrose disparaissait le 23 avril 1984 un ardent défenseur du surréalisme, l'un des animateurs les plus actifs de la vie artistique britannique.

Exposition surréaliste de Londres - crédits : Evening Standard/ Getty Images

Exposition surréaliste de Londres

Né le 14 octobre 1900, « jour du 834e anniversaire de la bataille d'Hastings » comme il se plaisait à le souligner, il avait représenté d'abord le type même du jeune Anglais riche, esthète et non conformiste, rompant très tôt avec ses origines pour choisir de mener en France la vie de bohème du début des années 1920. Sa première épouse, la poétesse Valentine Boué, puis son ami Max Ernst l'introduisent au cœur même du milieu surréaliste : en 1936, il organise à Londres la première grande exposition internationale, avec Breton et Eluard. En 1938, il ouvre la London Gallery, avec le groupe surréaliste anglais présidé par Herbert Read, et fonde avec Mesens le London Bulletin qui va compter jusqu'à la guerre parmi les revues surréalistes les plus actives. La même année, il est à l'origine de la présentation de Guernica à Londres, aux New Burlington Galleries. Après la guerre, l'exemple du M.O.M.A. (Musée d'art moderne de New York) l'amène à fonder l'I.C.A. (Institut des arts contemporains) qui va peu à peu transformer la vie artistique londonienne en offrant une tribune aux avant-gardes continentales.

Parallèlement, il constitue une collection qui va bientôt prendre une extension considérable avec l'achat de celles de René Gaffé, ami de Mesens (douze Picasso cubistes, douze Chirico, douze Miró), et surtout d'Eluard en 1938 (Chirico, Tanguy, Miró, Magritte, Dalí, Klee et quarante Max Ernst, presque tous de premier ordre). Dispersé peu à peu, ce fabuleux ensemble enrichira les plus grands musées, et notamment la Tate Gallery (La Femme qui pleure de Picasso, l'Éléphant Célèbes d'Ernst). Lui-même a tenté une carrière d'artiste « surréalisant » (première exposition à Paris en 1928). Sa production en ce domaine reste de second plan mais reflète, dans un étonnant kaléidoscope, celle de ses amis les plus éminents : Ernst surtout, mais aussi Picasso, Dalí, Magritte, Brauner et même Hélion (en 1934). On y trouve de beaux objets surréalistes (Le Dernier Voyage du capitaine Cook, présenté à Londres en 1936) et surtout, à partir de 1938, des collages plus originaux, avec une utilisation répétitive de la carte postale en couleurs dont Paul Nougé et Magritte devaient aussitôt souligner l'originalité.

Avec sa seconde épouse, la photographe Lee Miller, Roland Penrose s'installe après la guerre dans une belle villa du Sussex, Farley Farm, qui devient bientôt un des rendez-vous du Gotha artistique international. Il organise plusieurs grandes expositions (Picasso à la Tate en 1960, Dada et le surréalisme à la Hayward Gallery en 1978) et joue un rôle déterminant dans plusieurs événements artistiques importants (commande de la grande sculpture de Picasso pour le Civic Center de Chicago, achevée en 1967, achat de sa Danse de 1925 par la Tate en 1960).

La dernière partie de sa vie est avant tout consacrée à la rédaction d'ouvrages sur ses artistes préférés : son Picasso de 1958, traduit en sept langues, complété en 1981, est un classique, de même que son Miró, son Man Ray, et sa dernière monographie, consacrée à un artiste plus jeune mais qu'il situait dans la même perspective, le Catalan Antoni Tàpies (1978). Conçus avant tout comme des récits biographiques et descriptifs où « le désir de l'artiste » reste le dernier mot de l'explication des œuvres, ces livres relèvent sans doute plus de la critique que de l'histoire de l'art, mais ils constituent des sources de première main, et une introduction intuitive et pleine de sensibilité à l'univers des peintres. Ils illustrent aussi, comme ses expositions, un goût résolu pour un art humaniste — en réaction contre l'abstraction géométrique et l'art conceptuel.[...]

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Écrit par

  • : professeur d'histoire de l'art moderne et contemporain à l'université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand

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Pour citer cet article

Jean-Paul BOUILLON. PENROSE ROLAND (1900-1984) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Exposition surréaliste de Londres - crédits : Evening Standard/ Getty Images

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