Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

CAILLOIS ROGER (1913-1978)

L'Amérique latine et ses révélations

Surpris par la Seconde Guerre mondiale en Argentine et contraint d'y séjourner, Caillois n'y reste pas inactif. Il fonde en 1941 la revue Lettres françaises, multiplie par ailleurs les découvertes et commence à se passionner pour les mondes minéral et végétal que lui révèle cette Amérique latine, où, comme le rappellera Le Fleuve Alphée, « les livres et ceux qui les lisent comptent beaucoup moins que la nature et les illettrés ». Pourtant, Caillois y découvre aussi une littérature qui le fascine et qu'il nous fera connaître en fondant chez Gallimard la collection Croix du Sud et en traduisant lui-même certaines œuvres de Borges, de Neruda, de Mistral et de Porchia. Caillois est, semble-t-il, désormais réconcilié avec la littérature, mais son hostilité de jadis s'est transformée en une exigeante passion qui n'hésite pas, comme dans Babel en 1948, à fustiger les littérateurs contemporains qui se dérobent à leur « devoir de vérité » et à leur « responsabilité d'écrivain ». Caillois admire, en revanche, la volonté de Saint-Exupéry de ne « rien écrire que sa vie ne garantisse » et le « parti pris de vérité » de Saint-John Perse, dont il exposera en 1954 la poétique. Il était, d'autre part, lui-même devenu écrivain (« malgré moi », avouera-t-il) en décrivant en 1942 la Patagonie qu'il venait de visiter. Mais, même s'il dira bientôt préférer à l'aventure humaine les pierres qui « ne sont pas susceptibles d'émotion » et les lieux écartés « où l'homme est rare », le sociologue l'emporte encore sur le poète quand, dans une étude reprise et complétée en 1963 dans Bellone ou la Pente de la guerre, il s'interroge en 1951 sur le « vertige de la guerre » ou quand, dans Les Jeux et les hommes en 1958, il examine la nature et la fonction des jeux dans la société.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de lettres, assistant de littérature française à l'université de Paris-IV-Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

Vital RAMBAUD. CAILLOIS ROGER (1913-1978) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • JEU

    • Écrit par Henri LEHALLE
    • 3 632 mots
    ...caractéristiques s’appliquent à l’évidence à un très grand nombre d’activités. Comment se repérer dans ce vaste ensemble ? La classification proposée par Roger Caillois (Les Jeux et les hommes, 1958, 1967) repose sur la distinction de quatre catégories de jeu, en se fondant sur leur composante psychologique...
  • JEU - Le jeu dans la société

    • Écrit par Jean CAZENEUVE
    • 4 901 mots
    • 2 médias
    Prenant acte de la vraisemblance des deux interprétations opposées, Roger Caillois incline à penser que le jeu n'est par essence ni corruption ni source des usages sociaux, mais qu'il est un principe permanent de la vie sociale, de sorte qu'il peut aussi bien faire siennes et pour ainsi dire récupérer...
  • JEU - Ethnologie du jeu

    • Écrit par Geza de ROHAN-CSERMAK
    • 9 603 mots
    Roger Caillois oppose à cette thèse que « tout déchoit dans le jeu », conclusion qui ressort des ouvrages de Tylor, d'Alice Gomme, de K. Groos, de Y. Hirn et des précurseurs du concept du gesunkenes Kulturgut (bien culturel déchu) de Naumann. L'ethnologie actuelle se montre cependant plus...
  • JEU - Jeu et rationalité

    • Écrit par Jacques EHRMANN
    • 4 840 mots
    De son côté, Caillois définit « essentiellement le jeu comme une activité libre : à laquelle le joueur ne saurait être obligé sans que le jeu perde aussitôt sa nature de divertissement attirant et joyeux ; séparée : circonscrite dans des limites d'espace et de temps précises et fixées à l'avance ; incertaine...
  • Afficher les 9 références

Voir aussi