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PIGUET ROBERT (1898-1953)

Né dans une famille de banquiers, à Yverdon, dans le canton de Vaud (Suisse), Robert Piguet manifeste très tôt une vocation pour la création de mode, qui bénéficie des encouragements de sa famille. Après avoir dessiné des chaussures pour la firme suisse Bally, il crée des dessins textiles selon la méthode du batik, et propose à Jeanne Lanvin des vêtements ainsi conçus.

Profitant de l'appui financier d'un de ses frères, Robert Piguet a ouvert dès 1920 une première maison de couture parisienne, dont l'existence est brève. Devenu l'assistant de Paul Poiret (1922-1923), Robert Piguet est chargé de rajeunir l'image de la maison et conçoit des modèles pleins de fraîcheur et de piquant. Il adopte en revanche un style plus sobre lorsqu'il devient modéliste dans la grande maison Redfern, qui a une solide tradition de classicisme, et qui fonde sa réputation sur des costumes-tailleurs d'une coupe impeccable. L'épouse de Robert Piguet, née Mathilde Henriquez, étrenne les plus jolies créations de son mari.

En 1933, Robert Piguet fonde son propre salon de couture. Il est d'abord fidèle au style en faveur : des ensembles bicolores d'une discrète élégance pour le jour, et de voluptueuses robes aux teintes pastel pour le soir. Dès 1935, il donne pour la première fois un corsage bustier, sans épaulette, à certaines robes du soir. Peu à peu, Robert Piguet se définit comme le maître des ensembles simples, des petites robes bleu marine, des toilettes du soir romantiques. Mais la grande notoriété vient lorsque le couturier ouvre ses nouveaux salons au Rond-Point des Champs-Élysées, dans un décor très spectaculaire : un grand escalier à double révolution orné de passementerie en trompe l'œil conduit aux salons de teintes pastel dont le plus grand est doté d'un plafond peint à fresque par Drian, et meublé de canapés capitonnés aux circonvolutions baroques.

À partir de juillet 1938, Robert Piguet a pour assistant Christian Dior, dont le talent s'exprime à travers un infléchissement très « romantique » des créations proposées. L'influence de Dior apparaît par exemple en 1939 dans une floraison de robes « de pensionnat », toilettes dotées de petits cols, sagement boutonnées, et d'amples jupes portées sur des jupons empesés, dans l'esprit des Petites Filles modèles. Pour le soir, les collections comportent des robes à longues jupes-corolles, en satin, en faille, qui évoquent les toilettes de la Dame aux camélias.

Après le départ de Dior (1940), Robert Piguet a pour assistant Antonio del Castillo. Piguet demeure au premier plan de la création de mode et, compte tenu de la pénurie, ses clientes doivent désormais lui fournir elles-mêmes les tissus dans lesquels il créera leurs robes.

Tenue de ville, R. Piguet - crédits : Savitry/ Picture Post/ Getty Images

Tenue de ville, R. Piguet

Après la guerre, le couturier a pour disciples Hubert de Givenchy et Marc Bohan ; il doit fermer sa maison de couture pour raisons de santé en 1951.

Sa fragilité personnelle, qui n'excluait pas une vivacité et un humour acide, son maintien svelte, sa courtoisie délicate ont séduit ses contemporains pour lesquels Robert Piguet a incarné l'hypersensibilité mise au service de l'expression changeante de la mode et de l'air du temps.

— Guillaume GARNIER

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Écrit par

  • : conservateur du musée de la Mode et du Costume, palais Galliera

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Pour citer cet article

Guillaume GARNIER. PIGUET ROBERT (1898-1953) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Tenue de ville, R. Piguet - crédits : Savitry/ Picture Post/ Getty Images

Tenue de ville, R. Piguet