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KAPOOR RAJ (1924-1988)

Fils aîné de Prithviraj Kapoor, acteur de théâtre et de cinéma, Raj Kapoor, né au Peshawar en 1924 (le Pakistan, depuis la partition de 1947), débute très jeune comme clapman dans les studios de la Bombay Talkies et, sur les traces de son père, commence une carrière d'acteur. Il devient très vite, avec Dilip Kumar et Dev Anand, la grande star masculine du cinéma commercial hindī des années cinquante. Il n'a que vingt-deux ans lorsqu'il décide de construire ses studios à la périphérie de Bombay, de fonder sa maison de production, la R.K. Films, et de passer à la réalisation. Il signe et interprète Le Feu (1948), puis Barsaat (1949), avant de connaître avec Le Vagabond (1951) un succès national et international, notamment en Union soviétique. Ce film jette les premières bases d'un cinéma populaire et à grand spectacle, centré sur le star system, et fruit d'un savant dosage entre conventions formelles (danses, musique, chansons) et originalité des thèmes traités : la réalité indienne (inégalités sociales, pauvreté, corruption, injustice) est ici visitée à travers les archétypes romanesques et moralisateurs du mélodrame social. À cela s'ajoutent la qualité de la technique (décors, costumes, éclairage) et le soin apporté à la partie musicale. En outre, Le Vagabond scelle la rencontre de Raj Kapoor avec l'écrivain K. A. Abbas, homme de théâtre proche du Parti communiste. Quelques années plus tard, en 1955, Shree 420 (référence à un article du Code pénal punissant le vol) ajoute une dimension supplémentaire à l'œuvre de Raj Kapoor. À travers les accents tragiques du mélodrame — un jeune homme, au sortir de ses études, cherche du travail puis, s'enfonçant dans la misère, vole pour survivre —, le film se trouve cette fois enrichi d'une dimension comique, voire burlesque, grâce à l'interprétation de Raj Kapoor qui se donne les traits de Charles Chaplin. Outre l'hommage au Chaplin du Kid, on y retrouve l'influence du néo-réalisme italien, celui du Voleur de bicyclettes ou de Sciuscia. À travers leur attachement à la description du milieu urbain, les films de Raj Kapoor, dans l'Inde indépendante d'après 1947, sont les seuls à avoir formulé l'espoir d'une « nouvelle donne » : reconstruction nationale, justice sociale, lutte contre la pauvreté et la corruption.

En 1970, Raj Kapoor connaît un échec retentissant avec Je suis un clown, film autobiographique et superproduction avec l'Union soviétique. Profondément marqué, Raj Kapoor met un terme à sa carrière d'acteur, rompt sa collaboration avec son scénariste attitré puis continue de réaliser et de produire des films adaptés au goût du public, dans lesquels il semble avoir abandonné toute velléité artistique. Ses derniers films, énormes succès commerciaux, feront moins parler d'eux pour leurs sujets que par leur habileté à braver les foudres de la censure indienne.

— Charles TESSON

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Écrit par

  • : critique de cinéma, maître de conférences en histoire et esthétique de cinéma, université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

Classification

Pour citer cet article

Charles TESSON. KAPOOR RAJ (1924-1988) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • INDE (Arts et culture) - Le cinéma

    • Écrit par Amandine D'AZEVEDO, Charles TESSON
    • 6 915 mots
    ...Fondateur de l’IPTA (Association théâtrale du peuple indien), membre du Parti communiste, il reste connu en tant que scénariste des principaux films de Raj Kapoor à partir du Vagabond (1951). Fils d’un célèbre acteur, lui-même acteur, Raj Kapoor, formé à la Bombay Talkies, est avec Mehboob Khan le...

Voir aussi