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RAIS, RAYS ou RETZ GILLES DE (1404-1440)

Arrière-petit-neveu de Du Guesclin, fils de Marie de Craon et de Guy de Laval de Blaison, Gilles de Rais appartient à l'une des plus hautes et des plus influentes familles du début du xve siècle. Orphelin à onze ans, il est élevé par son grand-père Jean de Craon, qui ne réfrène aucune des passions de l'enfant et lui enseigne au contraire la désobéissance à l'égard de l'autorité, tant religieuse que royale. L'enfant, qui avait appris le latin jusqu'à la mort de ses parents, n'est initié ensuite qu'aux jeux de la guerre et de la chasse. Pour des raisons d'intérêt, il est fiancé deux fois, à treize et à quinze ans, mais c'est à seize ans qu'il sera uni secrètement à Catherine de Thouars, le mariage officiel avec autorisation de Rome n'ayant lieu que deux ans plus tard. En 1424, Gilles décide d'administrer tous ses biens et, à l'instigation de son cousin La Trémoille, entreprend une carrière militaire, ajoutant à sa fortune une compétence guerrière et un courage dont témoignent ses nombreuses victoires sur les Anglais. À Chinon, quand Charles VII reçoit Jeanne d'Arc, il se voit confier les troupes et part avec la Pucelle pour Orléans. Au combat décisif des Tourelles, il est près d'elle quand elle est blessée et entre dans la ville. Après d'autres victoires comme celle de Patay, c'est Gilles qui est chargé de porter à Reims le saint chrême du sacre ; ce même jour de juillet 1429, il est fait maréchal de France. Trois mois plus tard, lorsqu'elle est blessée sous les murs de Paris, c'est le sire de Rais que Jeanne veut près d'elle, mais la Pucelle doit abandonner, cependant que le roi accorde à Gilles, privilège qu'il partage seul avec Jeanne, d'ajouter à ses armes un semis de fleurs de lys.

Jusqu'en 1433, Gilles guerroie, dilapide sa fortune. À partir de la mort de son grand-père, il apparaît cependant sous cet autre jour, qui lui vaudra d'être le vrai Barbe-Bleue de la légende sans qu'on sache s'il est bien à l'origine du personnage ou s'il représente sa concrétisation dans l'esprit populaire. Désormais, et jusqu'à son arrestation, avec la complicité de serviteurs qui partagent ses passions et enlèvent les enfants, Gilles de Rais se rend coupable de très nombreux meurtres (officiellement cent quarante), commis surtout sur des jeunes garçons au cours de scènes d'orgie. Entièrement adonné à sa débauche, Gilles ne néglige pas pour autant les fondations pieuses : il crée à Machecoul, « pour le bien et le salut de son âme », la fondation des Saints-Innocents, dépense une fortune pour monter à Orléans, en 1435, une grande machine théâtrale en mémoire de Jeanne d'Arc. Il mène grand train et s'attache surtout à sa « maison ecclésiastique », digne des plus grands. Mais, en 1437, deux squelettes ayant été découverts dans son château, une rumeur naît que les petits n'osent amplifier et que les grands écoutent peu : sans être inquiété, Gilles installe près de lui François Prelati et commence à Tiffauges, en Vendée, des évocations de Satan... qui ne lui répond d'ailleurs jamais, même quand il lui offre dans un verre le cœur et le sang d'un enfant. Toujours homme d'armes, Gilles confie une partie de ses hommes à Jeanne d'Arc ressuscitée, la dame des Armoises, mais ce n'est qu'un intermède dans sa vie partagée entre le meurtre, l'appel de Satan et le désir d'aller pleurer en Terre sainte pour la rémission de ses péchés. En mars 1440, il se confesse, communie au milieu des paysans, mais les crimes continuent.

Cependant, l'évêque de Nantes ayant secrètement mené une enquête, Gilles est arrêté le 15 septembre 1440 ; il est accusé de crime et de sodomie sur des enfants, d'évocation des démons, de violation de l'immunité ecclésiastique.[...]

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Pierre-Robert LECLERCQ. RAIS, RAYS ou RETZ GILLES DE (1404-1440) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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