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PSYCHOMÉTRIE (tests et échelles d'évaluation en psychiatrie)

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Qualités métrologiques des instruments psychométriques

On entend par qualités métrologiques l’ensemble des caractéristiques qui concourent à la pertinence de la mesure, en l’occurrence celles des instruments psychométriques. On en retient principalement quatre : la sensibilité, la spécificité, la fidélité et la validité.

La sensibilité est le pourcentage de sujets identifiés par le test parmi ceux qui présentent le trouble étudié dans une population donnée ; la proportion de ceux qui sont reconnus comme malades alors qu’ils ne le sont pas représentant les « faux positifs ». La sensibilité s’oppose à la spécificité, qui est le pourcentage de sujets qui ne sont pas identifiés par le test et ne présentent pas le trouble étudié dans une population donnée. Un test sensible est celui qui identifie le maximum de patients avec un minimum de « faux négatifs » et un test spécifique est celui qui n’identifie que les patients avec le moins possible de « faux positifs ». Idéalement, un test doit trouver le juste équilibre entre sensibilité et spécificité.

La fidélité s’apprécie notamment dans le temps ; les résultats obtenus lors de deux passations d’un questionnaire (épreuve du test-retest), chez un même sujet dont l’état ne s’est pas sensiblement modifié, doivent être comparables. Mais il s’agit aussi de s’assurer que les cotations d’un même sujet, avec une même échelle d’évaluation, par plusieurs investigateurs sont homogènes. Cette concordance intercotateurs dite « fidélité interjuges » est exprimée par le coefficient kappa de Cohen (de 0 à 1) ; il est considéré comme bon au-delà de 0,8. On peut l’améliorer en clarifiant les consignes de cotation et en pratiquant des séances d’entraînement à la cotation, particulièrement utiles lors d’études où l’on doit s’assurer que tous les investigateurs auront les mêmes bases pour leur jugement clinique.

La validité est plus complexe à définir. Elle rend compte de la cohérence d’un instrument, appréciée de manière descriptive (face validity) et de son intérêt dans ce qu’il est supposé mesurer, notamment de l’adéquation entre le jugement clinique et celui qui résulte de l’évaluation quantifiée. Elle peut s’évaluer par comparaison avec des instruments ayant fait leurs preuves dans le même domaine (concurrent validity). Sa stabilité et sa consistance interne doivent être assurées et sa structure interne doit être étudiée par une analyse factorielle qui regroupe plusieurs items en facteurs, c’est-à-dire les dimensions fondamentales de la symptomatologie évaluée ; une échelle pouvant être unidimensionnelle. La cohérence interne est mesurée par le coefficient alpha de Cronbach (entre 0 et 1) ; elle est considérée comme acceptable à partir de 0,7.

C’est dire si la construction d’une échelle est un travail exigeant et que le processus de sa validation est une étape longue, mais nécessaire avant une large utilisation. Même lorsqu’une échelle est très reconnue dans un pays, sa traduction dans une autre langue nécessite qu’elle soit revalidée et adaptée à la culture du pays où elle sera utilisée.

S’ils peuvent être complémentaires de l’examen clinique psychiatrique, les instruments psychométriques servent principalement dans le domaine de la recherche, clinique ou épidémiologique, mais aussi psychopharmacologique pour apprécier, de manière comparative, l’amélioration clinique obtenue dans différents groupes de traitement au cours d’essais randomisés en double aveugle.

— Frédéric ROUILLON

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Frédéric ROUILLON. PSYCHOMÉTRIE (tests et échelles d'évaluation en psychiatrie) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 13/09/2023