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PREHNITE

Phyllosilicate de calcium et d'aluminium, la prehnite, minéral répandu, cristallise en masses botryoïdes (en forme de grappes), les associations maclées formant des agrégats en éventail ou en rosette dont les surfaces sont limitées par des arêtes courbes caractéristiques. Elle apparaît aussi en masses microcristallines ou stalactitiques. Les cristaux isolés sont rares, parfois de taille centimétrique, avec un aspect soit tabulaire, aux faces souvent incurvées et déformées, soit lamellaire, aux contours losangiques. La prehnite peut prendre différentes teintes : blanche, verdâtre à vert poireau, jaunâtre, parfois bleuâtre ; elle peut aussi être incolore.

formule : Ca2Al2 [Si3O10](OH)2 ;

système : orthorhombique ;

dureté : 6-6,5 ;

poids spécifique : 2,8-3,1 ;

éclat : vitreux ;

transparence : transparente à translucide ;

cassure : quelconque.

La prehnite doit son nom au colonel hollandais H. von Prehn qui la rapporta en 1783 du cap de Bonne-Espérance (Afrique du Sud) ; on la prit alors, selon les variations de vert qu'elle présente, soit pour une émeraude – la dénomination « émeraude du Cap » est toujours employée –, soit pour un péridot (« olivine du Cap »). Découverte peu après en Europe (Alpes françaises), mais de couleur jaune et d'aspect radié, on la considéra comme une zéolite (famille des tectosilicates). Ce n'est qu'en 1789 que le minéralogiste allemand Abraham Gottlob Werner la caractérisa comme une espèce minérale particulière.

La structure de la prehnite se présente en feuillets constitués de tétraèdres de SiO4 tous reliés entre eux par leurs sommets oxygène ; cette structure élémentaire explique le clivage basal parfait de la prehnite. Les atomes d'oxygène ménagent des cavités dans lesquelles se logent les ions hydroxyles (OH). L'ensemble constitue la couche tétraédrique du minéral. Les couches tétraédriques, de charge globale négative, [Si3O10(OH)2]10—, sont liées entre elles par des cations aluminium (Al3+) et calcium (Ca2+). Parfois l'aluminium est remplacé par des atomes de fer ou, en moindre mesure, par des atomes de manganèse, de magnésium et/ou de sodium, d'où les variations de couleur du minéral.

On connaît la prehnite dans quatre types de gisement. Elle caractérise les roches basiques (gabbros, basaltes, diabases) où, en tant que minéral secondaire, elle remplit des cavités alimentées par des fluides hydrothermaux, souvent associée à des zéolites lorsque ces roches ont subi un faible métamorphisme (température inférieure à 200 0C et pression inférieure à 500 MPa, faciès à zéolite). La prehnite cristallise aussi dans des roches soumises à un métamorphisme plus fort (température comprise entre 300 et 400 0C, et pression inférieure à 1 000 MPa, faciès des schistes verts), où elle est associée à la lawsonite, la laumonite, l'axinite, qu'elle peut aussi pseudomorphoser. Moins fréquemment, des roches plutoniques plus acides, comme des granites, des diorites ou des monzonites, peuvent aussi contenir de la prehnite, où elle cristallise le plus souvent dans des fissures. Enfin, elle peut se former par altération des feldspaths, un des minéraux les plus courants des roches plutoniques et un des plus fréquents phénocristaux.

Parmi les plus beaux spécimens, on peut citer de magnifiques cristaux prismatiques, blancs à verdâtres, extraits de la Jeffrey Mine (Asbestos, Québec) et dans la région du lac Supérieur aux États-Unis, où elle apparaît souvent avec le cuivre natif. Les cristaux isolés de taille centimétrique, de qualité gemme et qui peuvent être taillés, proviennent principalement des environs de Sydney (Australie), de Namaqualand (Afrique du Sud) ou de la région de Bombay (Inde). On peut aussi signaler, parmi les nombreux autres gisements intéressants, ceux d'Écosse (Barrhead, Dunbar et Stirling), de Virginie, du Massachusetts[...]

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Écrit par

  • : docteur en sciences de la Terre, concepteur de la collection La Science au présent à la demande et sous la direction d'Encyclopædia Universalis, rédacteur en chef de 1997 à 2015

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Pour citer cet article

Yves GAUTIER. PREHNITE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

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