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MATISSE PIERRE (1900-1989)

Le marchand de tableaux, Pierre Matisse était tout le contraire d'un homme public.

Né avec le siècle, un 13 juin, à Bohain-en-Vermandois dans l'Aisne, il était le cadet des deux fils d'Henri Matisse et de sa femme Amélie Parayre. La Leçon de piano (Museum of Modern Art, New York), que son père exécuta en 1916 et dont il est le modèle, dit assez quelle orientation le peintre souhaitait lui voir prendre, mais son attirance pour le dessin l'emporta et, en 1922, Pierre Matisse entra à l'académie de la Grande Chaumière. Il n'y resta que le temps de lier amitié avec Alberto Giacometti. Sur les conseils de son père, il alla s'installer à New York, décidé à y mener une activité de marchand de tableaux. Il s'occupa tout d'abord de commerce d'estampes, pour faire ensuite son véritable apprentissage à la galerie Valentine Dudensing.

Dès 1932, il ouvrit une galerie au 41 de la 57e Rue, en plein Midtown, à quatre pas du Museum of Modern Art, inauguré trois ans plus tôt. En cinquante-sept années d'activité, il ne devait jamais quitter la place, sinon pour changer d'étage ! Dès le début, Pierre Matisse s'attacha à défendre une certaine idée de l'art contemporain en présentant davantage des personnalités que des tendances : Miró en 1932, Calder en 1934, Balthus en 1938... Ce faisant, il participa de façon active au développement d'une histoire de l'art au présent, et sa galerie devint peu à peu l'un des foyers les plus vivants de la vie et du milieu artistiques à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Celle-ci contraignit, on le sait, à s'exiler en Amérique toute une colonie d'artistes européens, parmi lesquels Chagall et Tanguy – un ancien camarade de classe dont Pierre Matisse devint dès lors le marchand. Mais ce fut surtout l'époque où apparut une nouvelle génération d'artistes américains et le début d'une domination du marché new-yorkais à l'échelle internationale. Face à cette nouvelle situation, Pierre Matisse poursuit une double politique : il donne tantôt sa chance à de nouveaux artistes, comme Matta et Lam dès 1942, ou en épaule d'autres, tel Jean-Paul Riopelle à partir de 1954 ; par ailleurs, il établit des liens de collaboration avec des artistes plus âgés, comme Dubuffet à partir de 1947 et Alberto Giacometti dès 1948, contribuant à assurer leur succès ultérieur en Europe.

Naturalisé américain en 1942, Pierre Matisse n'a jamais rompu les ponts avec la France. Président de The Art Dealers Association of America de 1964 à 1966, il a symbolisé un certain style traditionnel français auquel il était profondément attaché. Inhumé à Saint-Jean-Cap-Ferrat, il repose non loin de son père.

— Philippe PIGUET

Bibliographie

J. Russell, « Dean of Dealers. Reflects on the Art World », in The New York Times, 5 juillet 1971 / J. Gruen, « Pierre Matisse, Master Dealer », in Architecture Digest, avril 1966.

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Philippe PIGUET. MATISSE PIERRE (1900-1989) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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