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PHYSIQUE Vue d'ensemble

La physique a pour objet l'étude des propriétés de la matière et des lois qui la régissent, c'est-à-dire de l'ensemble des « règles du jeu » du monde matériel qui nous entoure. Cette définition est large. Il convient donc de préciser que la matière vivante est encore, en général, traditionnellement exclue du domaine de la physique, bien que, de plus en plus, des ponts soient jetés entre la biologie et la physique : la biophysiqueapplique les principes et les procédés de la physique à l'analyse des structures et des mécanismes de la matière vivante. Les relations entre physique et chimie sont beaucoup plus étroites et la distinction entre ces deux « sciences physiques » traitant de la matière et du rayonnement devient de plus en plus floue. Cette distinction réside plus dans les habitudes, le vocabulaire et les motivations que dans les objets et les phénomènes étudiés. Les deux principaux chapitres de la chimie inorganique (chimie physique et chimie quantique) appartiennent bien à la physique. La chimie organique, par contre, pour laquelle l'analyse et la synthèse naturelle ou artificielle des substances restent les problèmes clés, garde un peu plus de distance par rapport à la physique, et, à travers la biochimie et la biologie moléculaire, s'attache à la biologie.

Les liens entre la physique et les sciences de la Terre et de l'espace vont en se resserrant : l'astronomie a pris, depuis quelques décennies, le tournant vers l'astrophysique, et les sciences de la terre prennent de plus en plus rapidement celui qui mène à la géophysique.

Quant aux relations de la physique avec les mathématiques, elles sont privilégiées : les progrès de ces deux disciplines ont toujours marché de pair. Cette profonde intrication d'une construction de l'esprit et d'une science de la nature pose un problème philosophique qui mérite réflexion (cf. infra : C. Physique et mathématique).

Les rapports entre la physique et l'ensemble des disciplines scientifiques naturelles ne sont d'ailleurs pas seulement d'ordre conceptuel, ce sont aussi des relations nécessaires de fournisseurs à clients en techniques et appareils de mesure. En effet, toutes les méthodes de mesure ou presque sont fondées sur des principes physiques et l'affinement des appareillages et des dispositifs procède d'un effet d'entraînement réciproque : l'évolution des sciences et des techniques conduit à des exigences de plus en plus poussées sur la qualité des mesures et les découvertes de lois ou de substances encore inconnues permettent la mise au point d'appareils nouveaux. Il n'y a guère d'exemples que le gain d'un ordre de grandeur sur la précision d'une mesure ne mette en évidence un ou plusieurs phénomènes nouveaux qui conduisent à une amélioration et parfois à une remise en question des lois précédemment admises. La physique progresse grâce aux idées géniales de quelques-uns, mais grâce aussi au travail de ceux qui s'appliquent à exploiter ces idées, à les mettre en forme et à construire, sur ces bases, des appareils qui permettront de trouver les voies pour aller au-delà.

Il était naguère d'usage de diviser la physique en chapitres tels que mécanique, électricité, optique, thermodynamique, etc., cette partition correspondant à des modes d'exposé ou à des champs d'application relativement distincts. La physique moderne s'accommode beaucoup mieux de divisions fondées moins sur des critères phénoménologiques que sur des critères de structure ou d'échelle : physique des particules, physique nucléaire, physique atomique et moléculaire, physique des milieux condensés (solides et liquides), physique des plasmas, astrophysique...

C'est que la connaissance de la structure intime de la matière à l'échelle de la particule, du noyau, de l'[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie, membre de l'Académie des sciences, ancien ministre

Classification

Pour citer cet article

Hubert CURIEN. PHYSIQUE - Vue d'ensemble [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • PARTICULES ÉLÉMENTAIRES

    • Écrit par Maurice JACOB, Bernard PIRE
    • 8 172 mots
    • 12 médias

    Les physiciens poursuivent l'étude de la structure de la matière dans le but de trouver plus d'unité et de simplicité dans un monde qui nous frappe par sa diversité et son apparente complexité. N'est-il pas remarquable de pouvoir ramener la variété quasi infinie des objets qui nous entourent...

  • ACTION & RÉACTION, physique

    • Écrit par Jean-Marc LÉVY-LEBLOND
    • 1 498 mots

    C'est avec la troisième loi de Newton (1642-1727) que le mot « action » entre dans le vocabulaire scientifique, avec un sens à vrai dire assez ambigu. Il s'applique à la dénomination de la force exercée par un corps sur un autre, la loi en question affirmant alors qu'elle est toujours égale à la force...

  • ANTIMATIÈRE

    • Écrit par Bernard PIRE, Jean-Marc RICHARD
    • 6 931 mots
    • 4 médias

    L'antimatière exerce une certaine fascination : le grand public, les lecteurs de revues scientifiques et même les spécialistes ont un peu le vertige à l'énoncé de ses propriétés. En effet, si 1 gramme d'antimatière était mis en contact avec 1 gramme de matière ordinaire, il se produirait une annihilation...

  • ARISTOTÉLISME

    • Écrit par Hervé BARREAU
    • 2 242 mots
    • 1 média
    ...d'Elée sur l'impossibilité du mouvement. Cette réfutation était importante dans la perspective d'Aristote qui voulait accorder un statut scientifique à la physique, dont il faisait une science plus haute que les mathématiques puisqu'elle portait sur la substance mobile, et non, comme ces dernières, sur la...
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