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PHNOM PENH

Cambodge : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Cambodge : carte administrative

Phnom Penh est une des petites capitales de l'Asie du Sud-Est, par sa population, estimée à 1,5 million d'habitants en 2008, soit près de 10 p. 100 de la population totale du Cambodge.

La ville s'est développée sur un site exceptionnel de confluence hydrographique formant quatre bras, évoquant symboliquement pour les Khmers quatre visages (chatomukh), en référence aux quatre faces de Bouddha du Bayon d'Angkor Thom, à la croisée du Mékong, du Bassac et du Tonlé Sap, une localisation stratégique contrôlant l'accès vers le delta du Mékong, le Laos et la cuvette cambodgienne. Le site aurait été occupé sporadiquement dès le xve siècle, mais son occupation permanente date de 1860, lorsque le roi Norodom, souscrivant à la tradition khmère de fondation d'une nouvelle capitale lors de l'accès au trône d'un nouveau souverain, choisit le site pour y installer sa capitale, son occupation étant par la suite pérennisée par le protectorat français.

À partir d'un bourg installé le long du bourrelet du fleuve, la ville s'étend par remblaiement de casiers hydrauliques et endiguements successifs sur la rive ouest du Tonlé Sap. À la fin du xixe siècle, ce mode d'extension a donné naissance à trois quartiers distincts sur le plan de la répartition ethnique, des fonctions et des formes du bâti, qui forment aujourd'hui la ville historique. Au sud, la ville khmère, végétale à l'origine car construite de maisons en bois sur pilotis et organisée par le palais royal ; au centre, la ville chinoise aux fonctions commerciales marquées par la présence des compartiments chinois installés sur un parcellaire étroit et profond ; au nord enfin, la ville européenne, avec ses larges avenues, ses villas coloniales et ses équipements (poste, lycée, hôpital, cathédrale...). Sous l'impulsion d'Ernest Hébrard, placé à la tête de la Direction de l'urbanisme chargée des plans d'aménagement et d'extension des villes d'Indochine et de son programme de grands travaux menés entre 1928 et 1939, l'expansion de la ville se poursuit vers l'ouest par poldérisation, jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. À l'indépendance en 1954, le gouvernement fait le choix de la modernité architecturale pour tenter d'effacer les références coloniales, bâtissant des équipements qui structurent l'expansion de la ville tels l'aéroport de Pochentong ou le stade olympique, ce dernier amorçant le développement au sud-ouest d'un nouveau quartier, aussi vaste que la ville historique, sur un terrain remblayé et ceinturé par trois boulevards de digues périphériques. Le palais d'État et le quartier résidentiel de Tuol Kork sont d'autres réalisations datant de la décennie 1960.

Peuplée d'un afflux de réfugiés, portant sa population à 2 millions d'habitants, fuyant les bombardements américains du conflit indochinois, Phnom Penh est entièrement vidée de sa population par les Khmers rouges en 1975. La réappropriation de la ville par une population souvent nouvellement citadine s'opère à partir de 1980, dans un contexte d'économie dirigée qui détermine notamment le mode, collectif, de propriété foncière. L'afflux de population, la multiplication des statuts fonciers et des droits d'usage entraînent alors rapidement une sur-occupation des bâtiments du centre-ville et une extension des constructions en périphérie. Les années 1990 sont marquées par l'accélération de la croissance démographique de la ville et du processus de métropolisation, dans un contexte économique devenu libéral. La ville connaît alors des transformations rapides, dont les étapes pionnières sont consécutives à la présence des forces des Nations unies (Apronuc) et des O.N.G. qui, avec les activités du secteur tertiaire, tendent à monopoliser le bâti du centre-ville, alors que des opérations de relogement des populations[...]

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Écrit par

  • : professeur des Universités, Institut national des langues et civilisations orientales

Classification

Pour citer cet article

Manuelle FRANCK. PHNOM PENH [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Cambodge : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Cambodge : carte administrative

Autres références

  • CAMBODGE

    • Écrit par Philippe DEVILLERS, Universalis, Manuelle FRANCK, Christian LECHERVY, Solange THIERRY
    • 25 909 mots
    • 24 médias
    ...orientales de Mondolkiri et de Ratanakiri. Elle se compose de deux ensembles qui s'articulent à hauteur de la plaine des Quatre Bras et de la ville de Phnom Penh : l'ensemble de la vallée du Mékong, à l'orientation méridienne marquée par le fleuve qui coule depuis la frontière laotienne au nord vers...
  • MÉKONG

    • Écrit par Christian TAILLARD
    • 5 387 mots
    • 1 média
    Le Grand Lac du Cambodge (Tonlé Sap), relié à la plaine des Quatre Bras centrée sur Phnom Penh en tête du delta (l'exutoire du lac, le Mékong amont, le Mékong antérieur et le Mékong postérieur vers l'aval), constitue un système hydrographique original et un réservoir halieutique sans équivalent...
  • S21, LA MACHINE DE MORT KHMÈRE ROUGE (Rithy Panh)

    • Écrit par Sylvie ROLLET
    • 971 mots

    En avril 1975, les Khmers rouges déportent Rithy Panh et sa famille vers la campagne, comme tous les habitants de Phnom Penh, vidée en quelques jours de sa population. Il verra mourir les siens de faim et d'épuisement avant de pouvoir gagner la France, où il fera ses études à l'I.D.H.E.C. Comme il...

Voir aussi