KERR PHILIP (1956-2018)

Écrivain et journaliste britannique, né le 22 février 1956, Philip Kerr grandit dans une famille de religion baptiste. Il est encore enfant lorsque celle-ci quitte Édimbourg (Écosse), sa ville natale, pour s’installer en Angleterre, à Birmingham. C’est là qu’il fréquente collège et lycée avant d’étudier la philosophie et le droit à l’université. Il débute ensuite comme rédacteur pour l’agence de publicité Saatchi & Saatchi, puis devient journaliste indépendant. Il a notamment signé des articles dans l’Evening Standard, le New Statesman et le Sunday Times.

La trilogie berlinoise

Enfant, s’il manifeste une vive attirance pour la peinture et l’écriture, Philip Kerr se rend rapidement compte qu’il ne sera jamais un grand peintre. En revanche, il sent qu’il deviendra écrivain. Cette vocation se réalise à partir de l’année 1989 avec March Violets (L’Été de cristal), le premier volet d’une Trilogie berlinoise nourrie d’une forte documentation historique et qui a pour héros l’enquêteur privé allemand Bernhard (Bernie) Gunther. Celui-ci a participé à la Première Guerre mondiale sur le front turc, avant de devenir commissaire dans la police criminelle allemande, la Kripo (abrégé de kriminalpolizei). Dix ans plus tard, à l’âge de trente-huit ans, Bernie, séduisant célibataire, volontiers sardonique et ambigu, devient détective privé. L’Été de cristal a pour décor la ville de Berlin en 1936, peu de temps avant le déroulement des jeux Olympiques d’été. Le puissant industriel Hermann Six, dont la fille Grete et le gendre ont été assassinés, engage Bernie pour retrouver un collier de grande valeur, une mission qui va entraîner celui-ci bien au-delà d’un simple vol de diamants. Ce livre a reçu le prix du roman d’aventures 1993 et le prix Mystère de la critique 1994. La Pâle Figure (1990, The Pale Criminal)se déroule à la fin du mois d’août 1938, alors que l’invasion de la Tchécoslovaquie fait craindre un conflit mondial. Une riche Berlinoise demande à Bernie Gunther de mettre fin aux agissements d’un maître chanteur qui persécute son fils homosexuel. Comme dans le roman précédent, le point de départ, simple en apparence, va vite se compliquer pour déboucher sur la découverte d’une manipulation nazie au cours de laquelle Bernie croisera un tueur en série et un spirite. Dernier volet de la trilogie, Un requiem allemand (1991, A German Requiem) se déroule en 1947. Un colonel russe propose 5 000 dollars au détective pour se rendre à Vienne. Il devra aider un Allemand accusé du meurtre d’un capitaine américain, chasseur de nazis. Philip Kerr multiplie les épreuves que subit son héros de papier tout en donnant une image démoralisante de Vienne, ville corrompue.

Dix-sept ans plus tard, Kerr renoue avec sa série historique : La Mort, entre autres (2006, The One from the Other) se déroule en 1949, entre Munich et Vienne, au cœur d’un complot. Bernie, redevenu détective, est engagé par une cliente pour retrouver son mari, un ancien nazi. Dans Une douce flamme (2008, A Quiet Flame), Bernie arrive en 1950 à Buenos Aires. Chargé d’une enquête par le chef de la police, il découvrira le véritable visage de l’Argentine à travers la collusion entre péronistes et réseaux nazis. Remontant le temps, Hôtel Adlon (2009, If The Dead Rise not) se situe cette fois à Berlin en 1934. Bernie, qui vient d’abandonner son poste de commissaire, est chargé d’assurer la sécurité du célèbre hôtel Adlon. Il enquête sur le meurtre d’un boxeur juif. Vert-de-gris (2010, Field grey) ramène Bernie en 1954, alors que la guerre froide bat son plein. En compagnie d’une beauté fatale, Bernie tente de fuir Cuba en bateau. Arrêté par la CIA et transféré à Berlin, sa libération dépendra des informations qu’il fournira sur un ancien camarade de la SS, devenu patron de la Stasi en RDA. Prague fatale (2011) renoue avec[...]