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DOIG PETER (1959- )

En association avec la Tate Britain de Londres et la Schirn Kunsthalle de Francfort, le musée d'Art moderne de la Ville de Paris a organisé, en 2008, une rétrospective consacrée à l'artiste écossais Peter Doig. Cette exposition a offert la possibilité à un large public de découvrir un peintre, célébré un peu partout dans le monde.

Né à Édimbourg en 1959, l'artiste a passé une grande partie de sa jeunesse à voyager. Sa famille s'installe d'abord à Trinidad, puis au Canada. À dix-neuf ans, il part pour Londres, avec l'idée de vivre dans la ville qui avait produit la majorité des disques qu'il écoutait. Il s'inscrit à la Saint Martin's School of Art, où il passe trois ans. Il repart ensuite pour le Canada et travaille comme décorateur en se servant déjà de photographies pour déclencher son processus de création. En 1989, il est de retour à Londres, où il suit les cours de peinture du Master School of Arts de Chelsea, et reçoit le Whitechapel Artists Award, qui lui vaut quelques critiques élogieuses et lui permet d'exposer régulièrement. Peter Doig vit et travaille à Trinidad. Il a choisi la peinture comme moyen d'expression, même « s'il s'agissait, dit-il, d'une activité un peu à part à l'époque ». Avec un petit groupe d'artistes, que l'on affublait du qualificatif de punk expressionnists, il entendait ainsi réagir contre un art coupé du flux urbain. « Je commençais, dit-il, à faire des tableaux à l'aspect relativement ordinaire représentant des sujets relativement modestes. »

Peter Doig utilise la technique la plus classique qui soit, la peinture à l'huile. À partir de tout un arsenal de techniques remarquablement maîtrisées, il travaille ses surfaces en jouant sur les textures comme sur les matières, et utilise aussi bien les teintes pures que les mélanges les plus savants, sans oublier les effets de solarisation. Depuis ses débuts, il se nourrit de l'histoire de l'art, et nombre de références s'imposent au regard de certaines de ses œuvres : Bonnard, Cézanne, Gauguin, mais aussi Otto Dix ou Beckmann. Bien plus, il intègre à sa culture concernant l'art des musées un nombre important de trouvailles techniques tirées, entre autres, de la photographie, du cinéma populaire et expérimental, de la télévision commerciale et de la vidéo amateur, des pochettes de disque, des cartes postales, de l'imagerie électronique, etc. Cette matière première, qui conjugue étroitement la grande tradition de l'art et la culture populaire, permet à Peter Doig d'installer dans ses tableaux une sorte de trouble qui récuse toutes lectures univoques. « Ce qui m'importait avant tout, dit l'artiste, c'était l'image, l'information dans le tableau, donc le récit, la narration, l'aspect symbolique... »

Peintre de paysages, Peter Doig ne travaille jamais sur le motif. Des cartes postales ou des photographies prises par lui ou par d'autres lui permettent de réaliser ses œuvres dans son atelier. Ainsi des images du Canada ou de Trinidad resurgissent lors de son travail dans son studio de Londres, mais transformées et déconstruites par le filtre du souvenir associé à l'imagination. À partir de là naissent ces lieux indéterminés, qui s'imposent comme autant d'états psychiques dans cette « distance critique qu'établit l'artiste entre sa pratique et son sujet », encore accentuée par la très grande taille de ses œuvres. Le recours à des formats imposants semble faire référence à ceux qu'utilisèrent les expressionnistes abstraits américains ou être lié à l'influence du grand écran de cinéma, dont Doig est un passionné. « Il y a une véritable excitation, dit-il, à jouer avec les notions d'espace et d'échelle au sein du tableau. » Et d'ajouter : « L'espace de la peinture est l'un de mes sujets principaux. C'est un défi naturel inhérent[...]

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Écrit par

  • : critique d'art
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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Maïten BOUISSET et Universalis. DOIG PETER (1959- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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