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ATTERBOM PER DANIEL AMADEUS (1790-1855)

Per Atterbom est à la fois le premier grand poète lyrique suédois et le premier véritable historien de la littérature de son pays. Après de bonnes études littéraires à Uppsala, il participe à la fondation de la société Musis Amici qui deviendra célèbre par la suite sous le nom de société Aurora et qui jouera — notamment par l'intermédiaire de la revue Phosphoros — un rôle de premier plan dans la formation des lettres de son pays. Il entendait d'ailleurs rénover l'inspiration de ses compatriotes en imitant de grands modèles allemands, notamment Schelling et sa philosophie de la nature, les frères Schlegel et l'idéal féerique de Tieck. Il met donc en forme une manière de philosophie religieuse lyrique dont les fruits sont un cycle poétique intitulé Les Fleurs (1812) et un drame en vers resté fragmentaire, L'Oiseau bleu (1814), où il épanche librement un besoin quasi pathologique d'amour éthéré. Mais sa nature dépressive et instable l'entraîne dans des voyages, en Allemagne et en Italie, dont il rapportera un grand drame en vers, L'Île de félicité (2 vol., 1824-1827) : obsédé par l'idée d'un Dieu à la fois sensible au cœur et intelligible à la raison, il y exprime des états d'âme qui, malgré leur indéniable mièvrerie, se traduisent en élans chantants d'une belle musicalité. Le sens de la prière comme tentative d'atteindre l'essence de Dieu vivant en l'homme y est d'une touchante sincérité. Après de rudes temps d'épreuves dus à ses problèmes existentiels et matériels, Atterbom finira par se marier et par obtenir une chaire de professeur d'esthétique à l'université d'Uppsala. C'est à ce titre que, malgré bien des difficultés, il publiera les six volumes de ses Voyants et poètes suédois (1841-1855) qui font toujours autorité, qui marquent brillamment les débuts de l'histoire littéraire suédoise et font état de méthodes tout à fait modernes. On retiendra encore ses divers volumes de souvenirs de voyages qui introduisent en suédois un genre appelé à connaître une longue fortune dans son pays, ces causeries écrites sur le mode de la flânerie qui autorisent toutes sortes de digressions sur les sujets les plus divers. Atterbom reste un de ces auteurs qui nous retiennent autant par leur personnalité que par la qualité de leur langue et de leur inspiration.

— Régis BOYER

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Écrit par

  • : professeur émérite (langues, littératures et civilisation scandinaves) à l'université de Paris-IV-Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

Régis BOYER. ATTERBOM PER DANIEL AMADEUS (1790-1855) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • SUÈDE

    • Écrit par Régis BOYER, Michel CABOURET, Maurice CARREZ, Georges CHABOT, Universalis, Jean-Claude MAITROT, Jean-Pierre MOUSSON-LESTANG, Lucien MUSSET, Claude NORDMANN, Jean PARENT
    • 35 770 mots
    • 19 médias
    En 1810 se fonde à Uppsala une revue, Phosphoros, organe d'un cénacle littéraire (les « phosphoristes ») dont le chef de file est Per Daniel Amadeus Atterbom (1790-1855) : outre de remarquables essais, véritables fondements de l'histoire littéraire en Suède sur les visionnaires et poètes suédois...

Voir aussi