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IRIBE PAUL (1883-1935)

Décorateur et caricaturiste français, Paul Iribe a été, avec Cappiello et Cassandre, l'un des graphistes les plus importants de la première moitié du xxe siècle et, sans doute, le plus méconnu de tous.

La caricature était alors le banc d'essai de tous ceux qui voulaient s'engager dans une activité graphique. Paul Iribe passe son premier dessin dans Le Rire du 23 mars 1901. Comme nombre de caricaturistes, il collabore ensuite au Frou-frou, à L'Assiette au beurre. À partir de l'année 1903, il participe à des publications anarchisantes — Le Canard sauvage, Les Temps nouveaux, La Révolte — tout en réalisant des couvertures pour Le Rire.

Il subit l'influence de Dagny Bjornson-Langen, épouse séparée d'Albert Langen, éditeur allemand de plusieurs publications dont la plus importante était le Simplicissimus, célèbre pour ses caricatures. Cette relation explique sans doute la représentation admirative de la femme qui caractérise une partie de son œuvre.

En 1905, il fonde Le Témoin, périodique dans lequel il fait la preuve de son sens exceptionnel de la mise en pages et de l'utilisation de la typographie. À cette occasion, Iribe crée un personnage qui symbolise le titre du journal — personnage dont la tête est remplacée par un œil énorme. Dans ces pages, son style graphique prend vraiment forme. Son trait, précis, prend en compte le blanc de la page utilisé comme une couleur. Cette manière de diviser le papier pour en faire un élément actif de la création graphique n'est pas sans rappeler, dans un style différent, Aubrey Beardsley. Dans sa publication, il accueille des artistes comme Lyonel Feininger, Galanis, Juan Gris et un jeune écrivain qui possède un joli coup de crayon, Jean Cocteau.

En 1908, il dessine un album de mode, Les Robes de Paul Poiret racontées par Iribe, où il met parfaitement en valeur les créations du plus célèbre couturier de l'époque. À partir de 1909, il crée aussi des bijoux, des tissus, des pièces de mobilier.

Mais Iribe fréquente également les coulisses des théâtres. Pour marquer le passage des Ballets russes, Cocteau et lui collaborent à la réalisation d'une plaquette consacrée à Nijinsky, en 1910. Au théâtre des Capucines, il fait la connaissance d'une comédienne qui devient sa femme, Jeanne Boiget. Il se lance alors dans la réalisation de décors et de costumes. Le modernisme du décor qu'il brosse pour Phalène, d'Henry Bataille, est souligné par la critique.

À la veille de la guerre, il crée une maison d'édition à laquelle il donne son nom et y publie un ouvrage qui fait date : Le Prélude à l'après-midi d'un faune.

En 1914, Jean Cocteau et lui lancent une version patriotique du Témoin, sous le titre Le Mot : une fois de plus, il fera preuve de son remarquable sens de la mise en pages et Cocteau y confirmera son talent de dessinateur. L'ensemble paraîtra trop raffiné, trop élégant pour satisfaire un public en proie au « bourrage de crâne » et qui demande des images brutales. Le Mot disparaît après un an de publication.

Au lendemain de la guerre, Iribe s'embarque pour les États-Unis avec la volonté de faire de New York un centre d'art capable de concurrencer Paris. Il collabore à Vogue, fonde une agence dont l'existence sera de courte durée, car il accepte la proposition de la Paramount qui veut faire de lui un conseiller artistique. Cette fonction l'amène, en particulier, à participer à plusieurs films de Cecil B. de Mille, et notamment à la première version des Dix Commandements. En 1926, un différend l'oppose au célèbre réalisateur, et il décide de revenir en France. Il s'installe à Nice où il mène une vie mondaine. Il se signalera néanmoins par un certain nombre de publicités réalisées pour l'imprimerie Draeger. Les vins Nicolas lui commandent une série de remarquables plaquettes (en particulier celle[...]

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