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PAMPHYLIE

Province antique de la Turquie d'Asie, située au sud du Taurus, la Pamphylie (d'après l'étymologie, le pays « de toutes les races ») comporte, avec son cadre montagneux, une des deux plaines largement étalées qui ont pu, sur cette façade méditerranéenne, constituer un foyer de vie régionale. Mais, à l'inverse de la Cilicie, zone de passage sur la grande route du Croissant fertile, la Pamphylie, à l'écart des grandes voies antiques et modernes, a mené une vie beaucoup plus marginale et provinciale ; dans l'Antiquité, elle connut cependant une grande prospérité, fondée notamment sur les relations avec l'Égypte (commerce du bois).

Zone de piémont compartimentée, elle présente un relief complexe. À l'ouest, des gradins de travertin quaternaire, à peu près sans eaux courantes superficielles, sont couverts d'une garrigue assez basse passant fréquemment au désert pierreux et plus rarement à une pinède clairsemée. Dans la partie orientale, des collines de grès, argiles, conglomérats miocènes et pliocènes enserrent de petites plaines alluviales et créent un paysage plus varié. L'ensemble est entaillé par les grandes plaines alluviales des fleuves principaux : Aksu (Caystre), Köprü Su (Eurymédon), Manavgat çay (Mélas).

Par ces vallées, le pays s'est ouvert, au ~ Ier millénaire, à la pénétration des colons grecs achéens ; ils s'établirent dans des sites d'acropoles fortifiées (Pergé, Sillyon, Aspendos) dominant les rivières et se mêlèrent rapidement aux autochtones en une synthèse complexe qui explique le nom du pays. La charpente du Sidé, port bâti dans une péninsule rocheuse, puis Attaleïa (aujourd'hui Antalya) complétèrent à l'est la charpente du réseau urbain. Attaleïa, fondation des Attales au ~ iie siècle, contrôlait, au fond du golfe du même nom, les routes terrestres menant par le Taurus aux lacs Pisidiens. Ces villes furent très prospères aux premiers siècles de notre ère et ont laissé des restes monumentaux importants ; elles déclinèrent dans la tourmente des invasions turques des xie et xiie siècles qui réduisirent bientôt la plaine à l'état d'une brousse insalubre, pacage d'hiver de nomades. Seule Antalya, sauvée par sa situation privilégiée, conserve un embryon de vie urbaine ; en dehors d'elle, le voyageur turc Evliya Çelebi ne cite, au xviie siècle, que trois villages fixes dans la plaine. À partir de la fin du xviiie siècle s'amorce la recolonisation : installation progressive de paysans descendus des hautes terres, fixation de nomades et de semi-nomades dans leurs quartiers d'hiver, établissement, à partir de 1878, de nombreux villages de réfugiés (mouhadjir) des Balkans. Plus précoce dans le pays de collines de l'est, ce repeuplement s'est opéré plus tard dans le pays des gradins de travertin à l'ouest ; il ne s'y accélère qu'à partir du dernier tiers du xixe siècle, avec le retour des mouhadjir. Parallèlement à cette réoccupation du sol, la mise en valeur agricole reste fondée sur la culture pluviale des céréales qui domine dans les gradins de l'Ouest et les collines de l'Est. Tous les fonds alluviaux sont conquis par la grande culture cotonnière ou sont voués au maïs et au riz. Capitale touristique de la « Riviera Turque », Antalya a connu une croissance démographique extrêmement soutenue depuis un demi-siècle, passant de 72 000 habitants en 1965 à quelque 800 000 en 2008.

— Xavier de PLANHOL

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-Sorbonne, membre de l'Academia Europaea

Classification

Pour citer cet article

Xavier de PLANHOL. PAMPHYLIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • TURQUIE

    • Écrit par Michel BOZDÉMIR, Universalis, Ali KAZANCIGIL, Robert MANTRAN, Élise MASSICARD, Jean-François PÉROUSE
    • 37 012 mots
    • 22 médias
    ...Ankara). Les plaines littorales sont limitées à des liserés, à trois exceptions près : la Cilicie – ou plaine creuse en turc – (600 km2) au sud-est, la Pamphylie, autour d'Antalya près de la Méditerranée, et la plaine d'effondrement du Grand Méandre, au sud d'Izmir. Ces rares plaines...

Voir aussi