ENWEZOR OKWUI (1963-2019)

Poète, critique d’art, historien de l’art et conservateur, le Nigérian Okwui Enwezor a contribué à attirer l’attention du monde occidental sur l’art africain.

Okwui Enwezor naît en 1963 à Calabar et grandit à Enugu, dans l’est du Nigeria. Au début des années 1980, il s’installe aux États-Unis pour étudier au Jersey City State College (auj. New Jersey City University), où il obtient une licence de sciences politiques. Il découvre alors le monde de l’art de l’extérieur. Lors de plusieurs expositions, il constate l’absence d’artistes africains et entreprend de rédiger des textes et des critiques sur ces manifestations. Il commence ainsi à écrire pour de nombreux magazines d’art. En 1994, il fonde Nka, un magazine consacré à l’art africain contemporain et publié avec le soutien de l’Africana Studies and Research Center de l’université Cornell, à Ithaca (New York).

Okwui Enwezor se fait connaître lorsqu’il organise une exposition de photographies africaines au Guggenheim Museum SoHo de New York en 1996, puis en tant que directeur artistique de la deuxième biennale de Johannesburg en 1997. De 1998 à 2000, il travaille comme conservateur adjoint au département d’art contemporain à l’Art Institute de Chicago. Il organise par la suite une exposition collective qui sillonne l’Europe et le Canada, puis une rétrospective consacrée au photographe sud-africain David Goldblatt en 2001. Conférencier actif et membre de nombreux jurys d’art, Okwui Enwezor dirige avec Olu Oguibe la publication de l’ouvrage Reading the Contemporary: African Art from Theory to the Marketplace (1999).

En 2002, il organise sa première exposition majeure, The Short Century: Independence and Liberation Movements in Africa, 1945-1994, au PS1 Contemporary Art Center, annexe du Museum of Modern Art de New York. Il met ensuite en pratique sa théorie selon laquelle le changement social s’exprime à travers l’art quand il occupe, de 1998 à 2002, le poste de directeur artistique de la Documenta 11. Il est alors le premier non-Européen à organiser cette manifestation internationale, qui se tient pendant trois mois à Kassel (Allemagne), tous les cinq ans, et qui propose des expositions ambitieuses tant par leur nombre que par leur portée. Il prépare cette onzième édition par une série de séminaires sur des questions internationales : il ne recule alors pas devant les sujets politiques, y compris celui de la mondialisation, et porte son regard au-delà des traditions américaines et européennes pour aborder la question des arts africains. Rejetant la philosophie de l’art pour l’art, il privilégie les idées aux objets, comme en témoigne le catalogue qu’il signe à l’occasion de l’exposition The Short Century.

En 2006, Okwui Enwezor organise Snap Judgments : New Positions in Contemporary African Photography à l’International Center of Photography de New York. Destinée à lutter contre l’« afro-pessimisme », cette manifestation critique les attitudes négatives que le monde occidental contemporain adopte face à l’Afrique et réfute les stéréotypes qu’il nourrit à son égard.

De 2005 à 2009, il est vice-président de l'Institut d'Art de San Francisco, professeur invité au département d'Art et d'histoire de l'architecture de l'université de Pittsburgh et de l'université de l'Illinois.

Il occupe à maintes reprises la fonction de directeur artistique pour la biennale de Séville en Espagne (2005-2007), la 7^e biennale Gwangju en Corée du Sud (2008), la triennale d’Art contemporain au Palais de Tokyo à Paris (2012), intitulée « Intense Proximité », et la 56^e biennale de Venise (2015). Nommé en 2011 à la direction de la Haus der Kunst de Munich, il annonce son départ à l’été 2018, pour raisons de santé.

Il meurt à Munich le 15 mars 2019.

— Universalis