Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ŒUVRES PHILOSOPHIQUES, Charles Sanders Peirce Fiche de lecture

  • Article mis en ligne le
  • Modifié le
  • Écrit par

Du pragmatisme au « pragmaticisme »

Considérée dans ses traits les plus significatifs, la pensée de Peirce se distingue des principaux courants autour desquels s'est constituée la tradition philosophique. En un sens, elle renoue avec des traditions plus anciennes, comme certains aspects de la philosophie médiévale – Duns Scot, par exemple ; d'un autre côté, elle s'inscrit dans le droit fil des perspectives ouvertes par le darwinisme. Son inspiration anti-métaphysique et son souci de promouvoir une philosophie qui soit avant tout une méthode – en partie inspirée des démarches de laboratoire – se conjuguent dans les principes du pragmatisme, à commencer par la fameuse maxime : « Considérer quels sont les effets pratiques que nous pensons pouvoir être produits par l'objet de notre conception. La conception de tous ces effets est la conception complète de l'objet » (« Comment rendre nos idées claires », in Revue philosophique, 1879).

Cette maxime manifeste clairement les principaux traits du programme pragmatiste, ce qui en fait une méthode orientée vers une clarification de nos énoncés, et par conséquent de nos croyances, elles-mêmes définies comme des « habitudes d'action », et non pas comme des « idées », au sens cartésien ou psychologique du terme.

L'inspiration qui s'y fait jour a eu des répercussions immédiates sur l'un des principaux disciples de Peirce : William James, dont les conférences de 1906 ont contribué à populariser le pragmatisme. Peirce, pour sa part, s'en est désolidarisé, au point de retirer de son usage personnel le mot pragmatisme et de lui préférer « pragmaticisme ».

William James puis John Dewey n'en ont pas moins contribué à faire du pragmatisme, dont Peirce fut le premier artisan, un courant influent, caractéristique de ce que la philosophie américaine a produit de plus fort et de plus novateur. L'œuvre philosophique de Peirce s'en distingue par des aspects qui lui sont propres, et par une ampleur de vues qui s'étend à peu près à tous les domaines, de la théorie des signes – à laquelle il donna une impulsion majeure et originale dont témoignent par exemple les travaux d'Umberto Eco – à une conception du langage qui joua un rôle significatif dans les orientations philosophiques de Karl-Otto Appel et Jürgen Habermas, et jusqu'à la métaphysique. Sur ce dernier plan, sa philosophie renoue avec un « réalisme » dans lequel s'exprime son intérêt pour les médiévaux et son souci d'articuler à sa théorie de l'enquête un concept conséquent du vrai et du réel.

— Jean-Pierre COMETTI

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Jean-Pierre COMETTI. ŒUVRES PHILOSOPHIQUES, Charles Sanders Peirce - Fiche de lecture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009