Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

HAWKSMOOR NICHOLAS (1661-1736)

Kensington Palace - crédits : Chris Jackson/ Getty Images

Kensington Palace

Architecte anglais. Élève puis assistant de Wren, Nicholas Hawksmoor devint le collaborateur du mondain Vanbrugh. Il apparaît cependant comme l'une des personnalités les plus originales de la période baroque anglaise, créateur de bâtiments déconcertants où ses contemporains ne virent souvent qu'« un fouillis d'éléments incompatibles ». Héritier de la virtuosité technique de Wren, il emprunta aux cultures les plus disparates : du gothique anglais à l'Antiquité romaine, du classicisme français au baroque italien. Mais chez Hawksmoor, nulle trace d'éclectisme, plutôt un syncrétisme formel qui s'incarne dans une architecture expressive, étonnamment plastique, où l'ombre et la lumière jouent un rôle important. Après quelques années dans l'administration de sa province, il entra chez Wren comme dessinateur en 1679. Mais ses dons l'imposèrent peu à peu comme le collaborateur principal du grand architecte. Que ce soit à l'hôpital de Chelsea (1682-1690), à Kensington Palace (1695-1715), sur le chantier de la cathédrale Saint Paul (1691-1712), il ne se contenta pas de surveiller les travaux, mais donna de nombreux dessins. À l'hôpital de Greenwich, il édifia la façade du bâtiment du roi William (1699-1707) et celle de l'aile de la reine Anne (1700-1703), du côté de la Tamise. En 1705, Vanbrugh le désigna comme son premier assistant pour la réalisation des demeures patriciennes de Castle Howard et de Blenheim Palace, où il est bien difficile de démêler leur rôle respectif. Vers 1702, il commença à travailler pour son propre compte. D'abord à Easton Neston, résidence de campagne du Northemptonshire, qui révèle une certaine liberté dans l'agencement du plan. À la suite de la loi de 1711, qui prévoyait la construction de cinquante églises dans Londres, Hawksmoor fut chargé de réaliser six d'entre elles. C'est là qu'apparaît le mieux « cette antithèse entre les éléments de la composition » qui est la caractéristique dominante de tous ses projets. Les souvenirs gréco-romains y sont nombreux, surtout en ce qui concerne le plan : Saint Alphege, Greenwich (1712-1718), Saint Anne, Limehouse (1715-1730), Saint George in the East (1714-1729) et Christ Church, Spitafields (1714-1729) s'organisent à partir du schéma basilical ; par contre, l'utilisation des volumes géométriques en hauteur, des lanternes, des couronnements ajourés reflète une intelligente transposition de motifs gothiques. Le goût du décor, qui confère parfois à ses bâtiments un aspect théâtral, triomphe à Saint Mary Woolnoth, City (1716-1724), dans l'accentuation des bossages et des corniches, tandis qu'à Saint George, Bloomsbury (1716-1731), l'association du portique du Panthéon et d'une tour surmontée d'une pyramide inspirée du mausolée d'Halicarnasse anticipe sur ces entassements monumentaux si goûtés dans la seconde moitié du xviiie siècle. Pour Oxford, il fit une série de vastes projets, d'abord pour Queen's College (1708-1709), puis pour All Souls College (1716-1735) où il élabora une intéressante interprétation du gothique accordée à des bâtiments préexistants. On retrouve dans ses projets d'urbanisme idéal pour Oxford et Cambridge le souvenir des tracés réguliers antiques avec leurs places et leurs arcs de triomphe. Mais c'est dans le parc de Castle Howard qu'Hawksmoor put le mieux concrétiser ses aspirations classiques. Pour le mausolée de la famille Carlisle (1729-1742), il fit presque œuvre d'archéologue en dressant sur un haut soubassement une tholos dorique dont la sobriété extérieure contraste avec le riche décor intérieur, qui n'est pas sans évoquer la chapelle des Médicis, de Michel-Ange. Les « essais excentriques » de Hawksmoor n'eurent pas de descendance directe. Cette tendance à juxtaposer, à superposer des volumes simples sans transition, cette[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : ingénieur au C.N.R.S., enseignante à l'École nationale supérieure d'architecture de Versailles

Classification

Pour citer cet article

Monique MOSSER. HAWKSMOOR NICHOLAS (1661-1736) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Kensington Palace - crédits : Chris Jackson/ Getty Images

Kensington Palace

Blenheim Palace, 2 - crédits : John Bethell/  Bridgeman Images

Blenheim Palace, 2

Saint George in the East, Londres - crédits : John Bethell/  Bridgeman Images

Saint George in the East, Londres

Autres références

  • ANGLAIS (ART ET CULTURE) - Architecture

    • Écrit par Monique MOSSER
    • 7 827 mots
    • 30 médias
    Nicholas Hawksmoor (1661-1736), qui fut le principal collaborateur des dernières années de Wren, se trouva associé à Vanbrugh, tant à Castle Howard qu'à Bleinheim, et l'on démêle mal d'ailleurs leur rôle respectif. À la suite de la loi de 1711 (Act for Building Fifty New Churches...
  • BAROQUE

    • Écrit par Claude-Gilbert DUBOIS, Pierre-Paul LACAS, Victor-Lucien TAPIÉ
    • 20 831 mots
    • 23 médias
    ...d'arbres et d'eau qui les associe à la nature, de les joindre entre elles par un dynamisme intérieur. Chez ces grands maîtres, ou chez leurs contemporains Hawksmoor ou Gibbs, l'attrait pour la monumentalité, la volonté d'ostentation jusqu'à quelque chose de théâtral, l'indépendance résolue à l'égard des...

Voir aussi