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NAGOYA

Japon : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Japon : carte administrative

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Chef-lieu du département d’Aichi, Nagoya est la quatrième ville du Japon (2,3 millions d’hab. en 2017), cœur d’une mégapole qui s’étend aussi sur les départements limitrophes de Gifu et Mie, au cœur de la plaine de Nobi, l'une des plus grandes de l’archipel. Cet ensemble forme le Chūkyō, la troisième région urbaine du Japon, après celles de Tōkyō et d’Ōsaka, regroupant une dizaine de millions d’habitants.

Une des origines de la ville est le développement d’une activité d’hébergement le long de la route terrestre du Tōkaidō, qui relie la région de Kyōto à celle de Tōkyō. Elle devient par la suite une cité castrale, malgré sa position en plaine. Le château est en effet construit sur une butte d’à peine une vingtaine de mètres de hauteur et non pas à flanc de plateau comme c’est en général le cas pour ce type de structure. La citadelle est aussi soumise au risque d’inondation, récurrent dans la plaine de Nobi. Cependant, les travaux d’endiguement des principales rivières de cette vaste zone deltaïque, en particulier la Kiso et la Shōnai, permettent ensuite de hauts rendements rizicoles. Ceux-ci font la fortune et la puissance des seigneurs de la région, dont sont originaires les réunificateurs du Japon médiéval : Oda Nobunaga, Toyotomi Hideyoshi et enfin Tokugawa Ieyasu.

Pendant la période d’Edo (1603-1868), Nagoya prend sa forme définitive avec le déplacement du château sur le site actuel en 1610, ainsi que de nouveaux travaux d’endiguement et de détournement de rivière. Les Tokugawa, originaires de la province, garderont toujours une attention particulière au développement de la ville.

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Sa fonction de ville-étape du Tōkaidō se renforce, profitant des flux qui s’intensifient entre Edo, la capitale politique, et Ōsaka, la capitale économique. Nagoya s’étend le long d’un axe nord-sud depuis le château, en direction des sanctuaires d’Atsuta et le long de la route qui mène à Edo. Elle connaît une croissance rapide au xviiie siècle, comptant près de 200 000 habitants, dont de nombreux artisans, signe de la bonne santé économique de la ville. Parmi ces derniers, on peut déjà noter une spécialisation dans la mécanique avec les poupées automates Karakuri et dans l’armement, la région produisant l’essentiel de la poudre à canon de la période Tokugawa.

Lors de la restauration Meiji (1868), Nagoya se développe sur les plans industriel et financier, et poursuit son développement vers le sud et la mer. Elle est desservie en 1886 par le chemin de fer Tōkyō-Ōsaka, et son port industriel est inauguré en 1907. Ville moyenne sous Edo, Nagoya est la grande gagnante de la révolution industrielle japonaise. Ouvert sur la baie d’Ise, le Chūkyō devient dès le début du xxe siècle le troisième centre industriel du Japon, spécialisé dans l’industrie lourde et la construction mécanique. Sa population atteint le million d’habitants en 1934. Elle bénéficie de l’essor du groupe Toyota dans sa banlieue est, et devient un pôle majeur du complexe militaro-industriel japonais dans le domaine de l’aéronautique, porté par l’implantation du groupe Mitsubishi. Ainsi, la plupart des avions japonais de la guerre du Pacifique sortiront des bureaux d’études et des usines de Nagoya. Son château héberge également des centres de commandement de l’armée impériale. Cela lui vaudra d’être, avec Tōkyō, l'une des villes les plus bombardées par les raids américains, menés de 1942 à juillet 1945. Ils détruisent Nagoya dans sa quasi-totalité et la vident de sa moitié de sa population.

Dans l’après-guerre, la reconstruction des quartiers centraux de la ville se fait sur le choix d’un plan en damier. Il ne change pas fondamentalement de celui de la ville historique, mais est caractérisé par l’ouverture de larges avenues, dont la Hisaya Ōdōri, d’une centaine de mètres. Nagoya redevient une ville millionnaire en 1950 et la première ligne de métro est ouverte en 1957. Le choix des larges avenues et la position en plaine permettent un développement urbain plus extensif et un usage privilégié de la voiture. Nagoya connaît ainsi des densités de population plus faibles pour un taux d’usage des véhicules individuels plus élevé que Tōkyō et Ōsaka. La ville est d’ailleurs un véritable nœud autoroutier, au croisement des principales autoroutes qui traversent le Japon, alors que son réseau ferroviaire local est relativement peu développé. Mais Nagoya bénéficie de sa position centrale le long de l’axe Tōkyō-Ōsaka et est desservie en 1964 par le premier Shinkansen. L’autoroute Tōkyō-Nagoya est mise en service en 1969 et, en 2027, une liaison en quarante minutes avec Tōkyō sera assurée par le Maglev, le train à sustentation magnétique en cours de construction.

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Malgré les dommages subis pendant la guerre, l’armature industrielle a été rapidement rétablie. Lors de la haute croissance économique (1955-1973), le Chūkyō retrouve son rang industriel, avec l’implantation de nombreux combinats sur le littoral de la baie d’Ise, tandis qu’au nord du site de l’ancien château les banlieues résidentielles grignotent la plaine rizicole.

L’industrie lourde et la construction mécanique restent fortement implantées dans la région. Les usines Toyota soutiennent l’activité de nombreux équipementiers automobiles, comme Denso, un des principaux acteurs mondiaux du secteur. Outre Mitsubishi, on retrouve également les sites de production de Nippon Sharyō. Fondée à Nagoya en 1896, l’entreprise construit les motrices et les rames des Shinkansen.

Ces implantations continuent de soutenir l’emploi et le développement économique de la ville, mais elles ont aussi été responsables de nombreuses pollutions, dont celles générées par un combinat pétrochimique situé au sud-ouest de la ville, à l’origine de l’« asthme de Yokkaichi ». En revanche, la vitalité industrielle de la ville dans des secteurs à haute valeur ajoutée, où le Japon reste compétitif, vaut à la région métropolitaine de Nagoya de ne pas connaître le déclin urbain d’autres cités industrielles ni de souffrir de la concurrence tokyoïte. Aichi est ainsi l'un des seuls départements japonais à conserver un solde migratoire positif. Les besoins en main-d’œuvre ont par ailleurs fait de la région une des premières destinations pour le retour des Japonais d’outre-mer, en particulier ceux originaires du Brésil. En revanche, le secteur tertiaire est relativement peu développé à Nagoya, qui souffre aussi d’une faible notoriété internationale, malgré des initiatives comme l’exposition universelle d’Aichi en 2005.

— Rémi SCOCCIMARRO

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  • : docteur en géographie, maître de conférences en langues et civilisations étrangères

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Autres références

  • CHŪBU

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  • JAPON (Le territoire et les hommes) - Géographie

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    ...ne s'agit pas non plus d'un « chaos urbain » ou d'une simple coalescence de villes. C'est un réseau articulé autour de trois mégapoles (Tōkyō, Ōsaka, Nagoya), de plusieurs métropoles qui comprennent au moins un million d'habitants et d'une multitude hiérarchisée de cités. Il est structuré par des logiques...

Voir aussi