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HESS MOSES (1812-1875)

Fils d'un petit industriel allemand, Moses Hess naît dans une famille juive de Bonn ; il s'initie aux affaires, commence des études de philosophie à Bonn et publie en 1837 L'Histoire sainte de l'humanité par un disciple de Spinoza (Heilige Geschichte der Menscheit von einem Jünger Spinozas) ; l'ouvrage contient des éléments de réflexion communisante. Prolongeant la réflexion livrée par Feuerbach dans l'Essence du christianisme, Hess va montrer comment « l'aliénation religieuse n'est que l'expression idéologique de l'aliénation effective de l'essence de l'homme qui se produit en régime capitaliste » ; empruntant, comme le font les Allemands de la Ligue des justes, à Cabet et à son Voyage en Icarie la dénomination, il demande que le « communisme », seul mode de vie susceptible de faire se développer des relations collectives de type altruiste et proprement humaines, remplace le capitalisme. Hess rédige également, en 1841, Die europaeische Triarchie, ouvrage dans lequel il préconise que la France, l'Allemagne et l'Angleterre forment le premier État européen. À cette époque, il rencontre le jeune Marx, sur qui il exerce une certaine influence, et Engels, qu'il gagne, semble-t-il, à ses conceptions communistes. De fin 1842 à mars 1843, Hess est correspondant à Paris pour La Gazette rhénane de Cologne et se lie à la Ligue des justes, formée pour l'essentiel de socialistes allemands émigrés. En 1844, tout comme Marx, Engels et Ruge — venu avec Hess à Paris en 1844, celui-ci l'a présenté aux journalistes des Annales franco-allemandes (Deutsche-französische Jahrbücher) —, Hess collabore au Vorwärts qui vient également d'être créé à Paris ; il y publie en particulier l'article « L'Essence et l'argent » puis, en décembre de la même année, son « Catéchisme communiste, par questions et réponses ». Hess, dans ce journal, aborde diverses questions dont traite déjà également le jeune Marx : travail et jouissance, argent et servitude, richesse et liberté. Connu des membres de la Ligue des justes, le « Catéchisme » est repris par l'auteur et proposé, sous forme d'un Projet de profession de foi communiste, lors de la réunion de fondation de la Ligue des communistes au début de 1847. Refusant sa vision idéaliste et par trop théologique, Engels rédige un contre-projet, Principes du communisme, qui prélude de peu à la rédaction du Manifeste de 1847. Dans ce dernier écrit, Marx et Engels vont dénoncer le « socialisme vrai » de Hess et s'en prendre à lui autant pour son idéalisme philosophique que pour l'imprécision des termes qu'il emploie ; il demeure que les deux auteurs reprennent, tout comme Hess, la dénonciation de l'aliénation du travailleur salarié, du rôle de l'argent et de la propriété privée ; deux ans plus tôt, Hess affirmait déjà que « la richesse sociale [...] doit être gérée par la collectivité ».

En 1844, Hess a également fait paraître dans le Vorwärts d'autres articles, dont un consacré à la critique de Bruno Bauer. En 1846, il édite Gesellschaftspiegel, un mensuel socialiste, mais doit fuir l'Allemagne où il était revenu. Il passe en Belgique, en Suisse, puis s'établit de nouveau, à partir de 1853, à Paris. De 1861 à 1863, il rédige son ouvrage principal, Rome et Jérusalem (Rom und Jerusalem, die letze Nationalitätsfrage). D'abord inaperçu, l'écrit deviendra un classique de la littérature sioniste : conscient de l'oppression des minorités juives d'Europe et d'Orient (affaire de Damas, 1840) et reprenant l'idée fort développée du « combat pour la race », Hess en vient à affirmer la primauté de la lutte des races sur la lutte des classes, à considérer que les races aryenne et sémite sont les deux grandes races du monde, que le partage s'opère entre[...]

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  • COMMUNISMES RELIGIEUX

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    ...expériences de phalanges, s'unit avec le christianisme « unitarien », puis « transcendantaliste ». Cabet voit dans le communisme le « vrai christianisme ». Moses Hess, maître en communisme de Marx et Engels, apercevait ce communisme, au débouché d'une Histoire sainte de l'humanité (1837), au...
  • SIONISME

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    Moses Hess est lui aussi un novateur. Sa modernité est toutefois plus grande que celle des rabbins que nous venons d'évoquer. Il est en effet le premier penseur juif à tenir la « question juive » pour une question essentiellement politique qui doit être résolue dans un cadre national.