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MILLE BORNES

Le Mille Bornes est un jeu de cartes doublement original : il est un des premiers jeux commerciaux qui utilisent des cartes spéciales et son mécanisme sort des règles habituelles. Inventé en 1954 par Arthur Dujardin, dit Edmond Dujardin, un imprimeur de codes de la route installé à Arcachon (Gironde), le Mille Bornes a rencontré un succès immédiat et durable. Après un léger déclin dans les années 1980, le jeu connaît un net regain d'intérêt, comme en témoignent les nombreuses versions dérivées proposées par l'éditeur – Mille Bornes de la nature, de la Bible, des animaux, de l'histoire, etc. – et les programmes pour ordinateurs, disponibles entre autres sur les sites Internet, souvent américains, qui lui sont consacrés.

Un jeu de Mille Bornes comprend cent six cartes représentant des cartes kilométriques (25, 50, 75, 100 et 200 « bornes »), les principaux aléas de la conduite d'un véhicule : feux verts, feux rouges, crevaison, panne d'essence, accident, réparation, essence, roue de secours, limitation de vitesse et fin de limitation de vitesse, et quatre « bottes » (véhicule prioritaire, as du volant, citerne, increvable). Il est prévu un sabot permettant la pioche et le rebut des cartes rejetées. On peut jouer à deux, à trois, chacun pour soi, ou à quatre voire à six joueurs, mais il est alors plus intéressant de former des équipes.

Le but du jeu est d'être le premier (ou la première équipe) à totaliser 1 000 kilomètres. Pour gagner la partie, il faut aller jusqu'à 5 000. Chacun reçoit sept cartes et prépare devant lui deux piles, une pile d'attaque/défense et une pile de vitesse. À chaque tour, les joueurs doivent prendre une carte au sabot et en poser une. Seule une carte « feu vert » autorise à démarrer, les cartes kilométriques permettant de comptabiliser les kilomètres (ou points) à condition de ne pas être bloqué. Les cartes dangereuses – feu rouge, crevaison, panne d'essence, accident, limitation de vitesse – peuvent à tout moment être tirées ou placées par les adversaires. Il faut, pour repartir, utiliser les cartes de parade. Placer une botte en attaque permet de réaliser un « coup fourré ». Ces actions sont récompensées de valeurs en points élevées.

Ce mélange de jeu de combinaison vaguement inspiré du rami et de la bataille forme un ressort simple mais efficace. Que la société américaine Parker Brothers, l'un des plus puissants et célèbres éditeurs de jeux (le Monopoly, entre autres), ait racheté en 1962 la licence du Mille Bornes pour le commercialiser aux États-Unis en dit assez sur les qualités du jeu. Mais celles-ci se trouvaient déjà dans Touring, un jeu du même éditeur américain mis sur le marché en 1937. Cet ancêtre méconnu du Mille Bornes fut-il une source d'inspiration pour l'imprimeur arcachonnais ? La question n'a pas entaché l'engouement des Anglo-Saxons pour Milestone ou 1 000 Miles, autres noms donnés outre-Atlantique au Mille Bornes.

— Thierry DEPAULIS

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Écrit par

  • : licencié ès lettres, ingénieur du Conservatoire national des arts et métiers, historien du jeu

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Pour citer cet article

Thierry DEPAULIS. MILLE BORNES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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