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DUCHAUSSOY MICHEL (1938-2012)

Michel René Jacques Duchaussoy est né le 29 novembre 1938 à Valenciennes. Après avoir fait des études de lettres à l'université de Lille, il entre au Conservatoire de Lille, puis au Conservatoire national d'art dramatique de Paris. Lauréat, en juillet 1964, à l'unanimité, du prix de comédie classique et du prix de comédie moderne, ainsi que du prix d'excellence, il est nommé, en septembre de la même année, « pensionnaire » de la Comédie-Française. Il en devient sociétaire en 1967. Il y reste vingt ans, y jouant, entre autres, Feydeau, Molière, Giraudoux et Ionesco, sans jamais tenir les premiers rôles à l'exception de celui du Prince Mychkine dans L'Idiot de Gabriel Arout d'après Dostoïevski. Il y met aussi en scène La Commère de Marivaux, en 1967, et Il ne faut jurer de rien d'Alfred de Musset, en 1970. En 1984, il quitte le « Français » avec le titre de « sociétaire honoraire ». Il n'en abandonne pas pour autant le théâtre et se produit, comme il l'a déjà fait depuis le milieu des années 1970, sur d'autres scènes parisiennes, mais aussi en banlieue et en province. Il élargit son répertoire à des auteurs contemporains tels que Harold Pinter, Copi, James Saunders et David Mamet.

Dans le même temps, Michel Duchaussoy mène une carrière au cinéma, commencée en 1961 avec Vie privée de Louis Malle, et à la télévision à partir de 1964. En 1967, il tient un des principaux rôles de Jeu de massacre d'Alain Jessua, celui d'un fils de famille immature et mythomane, qui le révèle au grand public. Deux ans plus tard, il confirme sa popularité avec Que la bête meure, de Claude Chabrol qui – après celui, épisodique, de La Femme infidèle – lui confie le rôle du protagoniste, un père en quête de vengeance, privé d'émotion et avançant masqué. On le reverra dans un autre film de Chabrol, Juste avant la nuit (1970), ainsi que dans certains de ses téléfilms. Michel Duchaussoy tourne quelque soixante-dix films sous la direction, notamment, de Michel Deville, Yves Robert, Jean Marbœuf, Alain Corneau, Jacques Deray, Bertrand Tavernier, Robert Enrico, Louis Malle, Patrice Leconte et Costa-Gavras. Cependant, en dépit des interprétations qui ont inauguré son activité, de la reconnaissance de son talent par la critique et de la sympathie que lui porte le public, il ne tient plus, comme au théâtre, que des rôles secondaires ; seule la télévision lui offre parfois un rôle principal.

Décédé dans la nuit du 12 au 13 mars 2012, Michel Duchaussoy a créé ou interprété, sur scène comme à l'écran, plusieurs dizaines de personnages, dans les registres les plus variés. D'une étonnante diversité, il savait passer avec une grande justesse de ton de la légèreté à la gravité. Doué d'un jeu précis dénué du moindre effet, il pouvait donner de la chair à des personnages épisodiques, conférer une zone d'ombre à un personnage sympathique ou, à l'inverse, une part de fantaisie, une note d'humour à un personnage antipathique ou rigide. Son talent n'a « officiellement » été reconnu que tardivement, au théâtre par deux citations aux molières, en 1993 et 1996, puis par le molière qu'il obtint en 2003 pour son interprétation dans Phèdre de Racine, et au cinéma par un césar, en 1991, pour sa performance dans Milou en mai de Louis Malle.

— Alain GAREL

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Écrit par

  • : critique et historien de cinéma, professeur d'histoire du cinéma

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Alain GAREL. DUCHAUSSOY MICHEL (1938-2012) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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