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ROBESPIERRE MAXIMILIEN DE (1758-1794)

La chute

La Grande Terreur ne fut pas l'œuvre du seul Robespierre, bien que les tentatives d'assassinat qu'il essuya l'aient précipitée. Grâce aux revers subis par les ennemis du dehors puis du dedans, Robespierre crut pouvoir entamer l'œuvre d'édification de la société qu'il croyait la seule conforme aux principes, donc légitime et définitive. Il annonçait la liberté, le bien-être, l'essor du commerce et des arts, la disparition de la richesse excessive et de la corruption, en somme le bonheur général. Le moyen était la vertu, favorisée par des institutions neuves et efficaces. Cet épanouissement des âmes s'accomplirait sous les auspices de l'Être suprême, garant de l'harmonie. Lorsque Robespierre pontifia au cours de la fête fameuse du 8 juin, le processus était engagé qui devait conduire à la république démocratique et vertueuse des petits propriétaires, libres, égaux en droit et en considération, tous dévoués au bien commun.

Les possibilités et les risques ne lui apparurent pas nettement. Mal informé, obstiné, malgré les instances d'amis et de correspondants, fatigué aussi par un surmenage prolongé provoquant des dépressions, il ne vit pas grandir l'inquiétude de ceux qui, traversant ses desseins, se sentaient menacés. Il ne comprit pas non plus que les victoires militaires rendaient la Terreur moins acceptable. Il voulut épurer ses ennemis au Comité de salut public en s'appuyant sur la Convention, les clubs et les comités révolutionnaires. Il cessa de participer aux séances du comité, laissant le champ libre à ceux qu'il avait humiliés et menacés. Il perdit du temps. Lorsqu'il intervint à la Convention le 26 juillet, il ne fut pas suivi. Mis hors la loi, il refusa de patronner l'insurrection populaire, peut-être même tenta-t-il de se suicider. Le 28 juillet 1794 (10 thermidor, an II), il fut guillotiné.

Cette fin souligne la complexité de l'homme, le manque de contacts avec ce peuple qu'il aimait plus qu'il ne le fréquentait, ses hésitations et ses scrupules dans l'action, qui contrastaient avec sa résolution pour défendre les principes dans la législation et la justice révolutionnaires. Sa foi, sa sincérité, son incorruptibilité ne suffisaient pas à l'œuvre exaltante qu'il avait entamée cinq ans plus tôt. Cette œuvre elle-même manquait à la fois d'assises économiques et de conscience historique, mais Robespierre lui avait donné une signification morale et culturelle.

— Marcel REINHARD

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Pour citer cet article

Marcel REINHARD. ROBESPIERRE MAXIMILIEN DE (1758-1794) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BUONARROTI PHILIPPE (1761-1837)

    • Écrit par Jean MASSIN
    • 586 mots

    Né à Pise d'une noble famille toscane justement fière d'avoir donné au monde Michel-Ange, Philippe Buonarroti fait à l'université de Pise de bonnes études littéraires et juridiques. Fervent admirateur de Rousseau, il publie un journal, Gazetta universale, ce qui le fait...

  • CARNOT LAZARE NICOLAS MARGUERITE (1753-1823)

    • Écrit par Jan SEBESTIK
    • 1 453 mots
    • 1 média

    Dans les manuels d'histoire, la grande figure de l'« Organisateur de la victoire » plane, seule respectable, bien au-dessus des figures sanguinaires de la Révolution. Fils d'un avocat et notaire bourguignon, Lazare Carnot fait de bonnes études secondaires à Autun, entre à dix-huit ans à l'École du...

  • CLOOTS JEAN-BAPTISTE dit ANACHARSIS (1755-1794)

    • Écrit par Jean TULARD
    • 498 mots

    L'une des figures les plus curieuses de la Révolution, celle d'un étranger fasciné par les événements français de 1789 à 1794. « Si beaucoup de Français partaient, écrit Michelet, beaucoup d'étrangers venaient ; ils s'associaient de cœur à toutes nos agitations, ils venaient épouser la France. Et...

  • DANTON GEORGES JACQUES (1759-1794)

    • Écrit par Jean MASSIN
    • 1 987 mots
    • 1 média
    ...poursuites en quittant Paris. Danton reparaît sous la Législative comme substitut du procureur de la Commune de Paris (6 déc. 1791). Aux Jacobins, il soutient Robespierre (sans s'engager à fond) contre Brissot sur la question de la guerre ; puis, la guerre déclarée, il dénonce, comme Robespierre (avec plus d'éclats...
  • Afficher les 17 références

Voir aussi