MAXIMES, François de La Rochefoucauld Fiche de lecture

François de La Rochefoucauld
Charles Ciccione/ Gamma-Rapho/ Getty Images
François de La Rochefoucauld
Jean Charles François, «Portrait de La Rochefoucauld».
Charles Ciccione/ Gamma-Rapho/ Getty Images
François VI, duc de La Rochefoucauld, prince de Marcillac (1613-1680), est un grand aristocrate. Comme tel, il défend, durant la Fronde, les valeurs de sa classe. Après l'échec de cette révolte de la noblesse, il s'écarte de la vie politique, rejoint les salons parisiens, compose ses maximes morales et fait figure d'« honnête homme », lucide, loyal, haïssant l'amour-propre, mais acharné, jusqu'à la fascination, à le définir.
Une écriture aristocratique
Il est nécessaire de comprendre d'emblée qu'il s'agit ici d'une écriture aristocratique, élaborée collectivement, dans les cercles et les salons d'après la Fronde, marquée par une désinvolture ostentatoire – signe du « Grand » qui n'avoue pas qu'il écrit parce que écrire serait, en l'espèce, déchoir –, déterminée par le ressentiment face au pouvoir royal et par l'impuissance politique à agir. D'abord conçues dans l'entourage de Mme de Sablé – cette ancienne précieuse devenue janséniste austère, protectrice de La Fontaine et fort lettrée –, les Maximes, tout en commentant le monde et les hommes nouveaux, regardent vers l'amont du temps.
Dès 1663, Mme de Sablé fit réunir une première série de petits textes déjà lus et discutés à Paris. Puis La Rochefoucauld fit établir un recueil manuscrit. L'une de ces copies – où l'on enchaîna les textes courts pour donner à l'ouvrage des allures de traité de morale – fut publiée en Hollande sans permission de La Rochefoucauld sous le titre de Sentences et maximes de morale (1664). On s'intéressa, dans le cercle de Mme de Sablé, à la manière sèche et précise dont le duc représentait les mœurs. Mais on s'interrogea aussi sur les fins de l'ouvrage : fallait-il en conclure que tout n'était dans le monde que fausse vertu, que la vertu elle-même n'était qu'une illusion, ou fallait-il comprendre à l'inverse qu'une vertu chrétienne véritable et efficace pouvait sauver l'ensemble ? C'est probablement ce premier espace de conversation qui détermina La Rochefoucauld à approfondir la question de l'amour-propre en reprenant un développement déjà publié ailleurs en 1660, à ajouter, en conclusion, un texte sur le mépris de la mort, à demander à Henri de La Chapelle-Bessée un discours inaugural qu'il fit placer en tête du recueil, et enfin à écrire un Avant-Propos anonyme, comme l'était toujours l'ensemble de l'ouvrage. La première édition autorisée des Réflexions, ou Sentences et maximes morales parut donc en 1664 (datée de 1665). Elle comportait 317 maximes, et fut sans cesse remaniée jusqu'en 1678.
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Écrit par
- Christian BIET : professeur d'histoire et d'esthétique du théâtre à l'université de Paris-X-Nanterre
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Pour citer cet article
Christian BIET, « MAXIMES, François de La Rochefoucauld - Fiche de lecture », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :
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Autres références
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