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VIEUX MAURICE (1884-1951)

Altiste français. L'alto n'a pas émergé sans mal de la famille des cordes. Confiné dans une tâche de soutien presque anonyme, il ne commence à faire reconnaître sa personnalité que sous la plume de Jean-Sébastien Bach et Georg Philipp Telemann. Jan Křtitel Vaňhal et Carl Stamitz sauront développer ses possibilités expressives, mais c'est surtout Mozart – altiste lui-même, auteur d'une Symphonie concertante pour violon et alto, de plusieurs quintettes avec deux altos et de deux duos pour violon et alto – qui le révèle véritablement. Malgré quelques pages bouleversantes de Berlioz, Schumann et Brahms, les compositeurs de la période romantique ignoreront ou presque l'instrument. Le début du xxe siècle voit sa résurrection. D'abord grâce à un compositeur-altiste, Paul Hindemith, qui en élargit le répertoire avec des œuvres aussi importantes que ses sonates pour alto seul, son duo pour alto et violoncelle, sa sonate pour alto et piano, ainsi que deux partitions pour alto et orchestre, Trauermusik et Der Schwanendreher ; William Walton dédiera à Hindemith son célèbre Concerto pour alto, l'un des plus beaux du genre (1929). Trois grands interprètes vont également jouer un rôle fondamental. Le Britannique Lionel Tertis saura convaincre Arthur Bliss, Frank Bridge, Gustav Holst et Ralph Vaughan Williams de s'intéresser à lui. L'Américain d'origine écossaise William Primrose suscitera des pages signées Karl Amadeus Hartmann, Darius Milhaud, Quincy Porter, Edmund Rubbra, Peter Racine Fricker et Iain Hamilton ; c'est grâce à Primrose que Béla Bartók écrira son Concerto pour alto et Benjamin Britten ses variations Lachrymae. Le Français Maurice Vieux fait indiscutablement partie de cette famille de pères fondateurs.

Maurice Edgard Vieux naît à Savy-Berlette, près d'Arras (Pas-de-Calais), le 14 avril 1884. Il commence ses études musicales avec son père et entre en 1899 au Conservatoire de Paris, où il est l'élève de Théophile-Édouard Laforge. En 1902, il remporte à l'unanimité un premier prix d'alto. En 1907, il entre à l'Orchestre de l'Opéra de Paris, où il est promu au rang de soliste l'année suivante ; il occupera ce poste jusqu'en 1949. Maurice Vieux appartiendra aussi à de nombreuses autres formations – il est alto solo de l'Orchestre de la Société des concerts du Conservatoire, il joue avec les Concerts Pasdeloup, l'Orchestre des concerts Colonne, l'Orchestre Walter Straram... – et participe au Quatuor Firmin Touche. En 1918, il succède à son maître Laforge à la direction de la classe d'alto au Conservatoire de Paris, où il enseignera jusqu'à sa mort, y formant plusieurs générations d'altistes de très haut niveau.

Maurice Vieux mène par ailleurs une carrière internationale. Dès qu'il s'agit de musique de chambre, les plus grands – Fritz Kreisler, Eugène Ysäye, Pablo de Sarasate, Georges Enesco, Pablo Casals – font appel à lui. Il enregistre en 1940, avec Marguerite Long, Jacques Thibaud et Pierre Fournier, une interprétation du Deuxième Quatuor avec piano de Gabriel Fauré qui est restée dans les annales. Virtuose exceptionnel, Maurice Vieux a joué un rôle essentiel pour mieux faire connaître en France l'alto et la musique qui lui est dédiée. Il a créé la Romance pour alto de Max Bruch (1911), la Suite pour alto principal et orchestre de Joseph Jongen (1915), la Légende pour alto et orchestre de Florent Schmitt (1918), trois œuvres qui lui sont dédiées. Grâce à lui, Camille Saint-Saëns, Gabriel Fauré, (Deuxième Quintette pour piano et cordes, 1921), Claude Debussy, Stan Golestan, Gabriel Grovlez, Philippe Gaubert, Darius Milhaud, Gustave Samazeuilh et Jean Françaix ont composé pour l'instrument.

Maurice Vieux a par ailleurs transcrit à son usage des œuvres concertantes de[...]

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Pierre BRETON. VIEUX MAURICE (1884-1951) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )