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ERHARD LUDWIG (1897-1977)

Né à Fürth, en Bavière, Ludwig Erhard fait des études commerciales ; il est incorporé en 1916 et grièvement blessé dans les Flandres à l'automne de 1918. Il entre ensuite à l'École supérieure de sciences sociales et économiques de Nuremberg et soutient en 1924, à Francfort-sur-le-Main, une thèse de doctorat d'économie, préparée sous la direction de Franz Oppenheimer, partisan d'un socialisme libéral, et travaille ensuite à Nuremberg comme assistant puis directeur d'un institut de recherches économiques.

Refusant d'adhérer aux associations contrôlées par les nazis, Erhard voit sa carrière universitaire bloquée. Il fonde alors son propre institut, car ses publications lui avaient donné déjà une certaine notoriété dans les milieux économiques. Convaincu de la défaite du IIIe Reich, il pense à l'avenir de l'économie allemande après la guerre et rédige un mémoire sur le redressement économique de son pays. Les Américains en auront connaissance avant la défaite de l'Allemagne et feront de Ludwig Erhard leur conseiller économique.

D'octobre 1945 à décembre 1946, il est ministre de l'Économie du gouvernement bavarois. En 1947, les Américains le nomment à la présidence de la section bizonale de la Monnaie et du Crédit. Élu en mars 1948 directeur de l'Économie, une sorte de ministère pour les zones américaine et britannique, il prépare la réforme monétaire du 20 juin 1948, véritable tournant dans l'histoire de l'Allemagne occidentale.

Adepte du libéralisme, il s'oppose aux restrictions, au rationnement et au contrôle des prix. En février 1949, Konrad Adenauer se convertit à ses thèses. Et lorsque l'Union démocrate-chrétienne (C.D.U.) abandonne le dirigisme et les nationalisations qu'elle préconisait, Ludwig Erhard y adhère. Aux côtés du chancelier Adenauer, il sera ministre de l'Économie de 1949 à 1963, et même vice-chancelier de 1957 à 1963 ; il deviendra la seconde figure de proue de la jeune République fédérale. Malgré le chômage, les menaces de grèves, l'inflation et le déficit commercial, Erhard refuse de revenir au dirigisme. L'économie repart et, avec les boums de 1955 et de 1960, on parle du miracle économique allemand. « La prospérité pour tous » devient sa devise.

Ludwig Erhard, considéré comme la meilleure « locomotive électorale » de son parti, succède à Adenauer le 16 octobre 1963. Conciliateur mais hésitant, temporisateur et parfois naïf, Ludwig Erhard ne réussit pas à imposer son autorité à la C.D.U., divisée entre plusieurs rivaux et qu'il préside mollement en 1966 et 1967. Outre son incapacité à maîtriser la faible récession de 1965-1966, il rencontre des difficultés en politique extérieure : querelle avec le général de Gaulle sur la supranationalité des institutions européennes, retrait de la France de l'O.T.A.N., controverse autour de l'établissement des relations diplomatiques avec Israël, suivie de la rupture des relations avec certains États arabes, désaccord avec les États-Unis sur les compensations en devises pour le stationnement des troupes américaines en Europe. Les efforts méritoires en faveur du rapprochement avec les États de l'Europe de l'Est ne furent pas suivis d'effets positifs. Prétextant des désaccords budgétaires, les libéraux quittèrent le gouvernement à la fin du mois d'octobre 1966. Abandonné par tous, Ludwig Erhard ne put empêcher ses propres amis politiques de lui chercher un successeur : le 1er décembre 1966, Kurt Georg Kiesinger fut élu chancelier d'un gouvernement de coalition qui réunissait chrétiens-démocrates et sociaux-démocrates.

Conservant le mandat de député qu'il détenait depuis 1949, Ludwig Erhard, devenu le doyen du Bundestag, continua de défendre les principes de l'économie sociale de marché. Mondialement[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

Classification

Pour citer cet article

Henri MÉNUDIER. ERHARD LUDWIG (1897-1977) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

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