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LISTE ROUGE DE L'UICN

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L'idée de faire un inventaire des espèces éteintes ou sur le point de l'être n'est pas nouvelle. En 1880, le naturaliste James Edmund Harting (1841-1928) dresse le portrait du loup, de l'ours et d'autres animaux disparus au Royaume-Uni durant les temps historiques. L'ornithologue britannique Charles Dixon (1858-1926) va plus loin en publiant, en 1888 et en 1898, des inventaires d'oiseaux rares ou sur le point de disparaître. Il ne se place pas du point de vue du collectionneur mais de celui du protecteur de la nature. D'autres ornithologues font de même à cette époque.

Lors du sixième Congrès ornithologique international, qui s'est tenu à Copenhague (Danemark) en 1926, l'Américain John Charles Phillips (1876-1938) offre, pour la première fois, une liste d'espèces disparues dépassant le cadre d'un seul pays en traitant des oiseaux des deux Amériques. En 1930, il devient le premier directeur de l'American Committee for International Wild Life Protection, une structure issue du Boone and Crockett Club. Ce dernier, fondé par Theodore Roosevelt en 1887, a pour but de moraliser les pratiques des chasseurs et de protéger la faune sauvage américaine ; il constitue l'un des principaux groupes de pression des États-Unis dans ce domaine. C'est l'American Committee for International Wild Life Protection qui est à l'origine des premières listes mondiales d'espèces disparues de mammifères (1942 et 1945) et d'oiseaux (1958).

Ce type de liste est repris en 1963 et est considérablement élargi par l'International Union for Conservation of Nature and Natural ressources (I.U.C.N., en français Union internationale pour la conservation de la nature et de ses ressources, ou U.I.C.N.) qui en fait l'un de ses principaux instruments de travail. Il ne s'agit plus de faire l'inventaire des espèces disparues, mais d'établir le statut des menaces pesant sur chaque espèce du monde vivant. L'U.I.C.N. a ainsi défini neuf catégories (définitions de 2001) : espèce éteinte (l'espèce ne compte aucun individu vivant), espèce éteinte à l'état sauvage (les seuls individus connus sont en captivité), espèce en danger critique d'extinction (l'espèce compte peu d'individus dans la nature, son déclin est continu, les sous-populations ne dépassent pas cinquante individus...), espèce en danger (espèce confrontée à un risque très élevé d'extinction à l'état sauvage), espèce vulnérable (espèce confrontée à un risque élevé d'extinction à l'état sauvage), espèce quasi menacée (espèce qui est sur le point d'entrer dans le groupe des espèces menacées qui rassemble les catégories espèce en danger critique d'extinction, espèce en danger et espèce vulnérable), préoccupation mineure (espèce largement répandue et abondante, son avenir ne semble pas menacé), données insuffisantes (on ne dispose pas d'assez d'informations pour évaluer le statut de l'espèce) et espèce non évaluée. Le premier Red Data Book (traduit en français par « liste rouge »), publié en 1966, traite d'une partie des mammifères. Il faut attendre 1988 pour que tous les oiseaux soient évalués et 1996 pour l'ensemble des mammifères.

Aujourd'hui, ces listes rouges sont le fruit d'un travail collectif qui mobilisent plus de sept mille spécialistes ; elles sont alimentées par les données des sociétés partenaires telles que la Société zoologique de Londres, le Jardin botanique royal de Kew ou BirdLife International. Les dernières listes rouges ne se limitent plus aux seuls oiseaux et mammifères : les autres vertébrés, de nombreux invertébrés et des plantes font désormais l'objet d'une évaluation.

— Valérie CHANSIGAUD

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Écrit par

  • : docteur en sciences de l'environnement, historienne des sciences et de l'environnement, chercheuse associée au laboratoire SPHERE, CNRS, UMR 7219, université de Paris-VII-Denis-Diderot

Classification

Pour citer cet article

Valérie CHANSIGAUD. LISTE ROUGE DE L'UICN [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Autres références

  • PROTECTION DE LA NATURE - Mesures de conservation des espèces

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    • 8 877 mots
    • 6 médias
    Le système actuel de classification des espèces en danger s'est développé à partir de l'usage des livres ou listes rouges de l'U.I.C.N. (Baillie et al., 2004). Au début des années 1960, le rôle de ces documents était de fournir l'information sur la distribution géographique des espèces en attirant...