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VAN LOO LES

La famille Van Loo présente l'exemple d'une de ces dynasties d'artistes assez fréquentes au xviiie siècle. Son nom suffit à indiquer une origine flamande, mais ses membres les plus importants sont nés dans le Midi (Aix-en-Provence ou Nice). Les églises et les musées de la région conservent encore une part notable de leurs œuvres, en particulier le musée Chéret de Nice.

Le plus célèbre de son temps fut Carle Van Loo (1705-1765). Sa formation fut aussi italienne que française puisque, avant même le séjour à Rome comme pensionnaire de l'Académie de France (1727-1731), il avait accompagné son frère aîné, Jean-Baptiste, en Italie, entre cinq et quinze ans. Élève brillant, il connaîtra toute sa vie les plus beaux succès de carrière : premier peintre du roi en 1762 et directeur de l'Académie en 1763.

Carle Van Loo est avant tout un homme de métier ; les témoignages contemporains nous le présentent comme ignare et sot pour tout ce qui n'est pas la peinture. Ses dons de grand décorateur se manifestèrent très tôt : on le trouve en 1732-1734 à Turin où il peint l'un des plafonds de Stupinigi. De retour à Paris, qu'il ne quittera plus malgré les offres flatteuses de souverains comme Frédéric II, il devient le spécialiste des cycles narratifs (Vie de saint Augustin, 1748-1755, Notre-Dame des Victoires, Paris) et des immenses tableaux d'autel (Résurrection, 1753, cathédrale de Besançon). Dans ce genre, une parfaite science de la composition, une sûreté infaillible dans le dessin des anatomies et des drapés, un coloris moins subtil que celui de Boucher ou de Natoire, mais vigoureux et franc, justifient presque la réputation qu'a eue de son vivant Carle Van Loo d'être le premier peintre de l'Europe ; ce n'est certes ni Tiepolo ni Boucher, mais ce n'est pas non plus le monstre de pédantisme académique que l'on se plaît à voir en lui depuis le xixe siècle. Il faut reconnaître qu'il est nettement moins à l'aise dans le genre gracieux, et, à l'hôtel Soubise, sa Toilette de Vénus (1737) est d'une lourdeur qui confine à la gaucherie. Enfin, il faut souligner que, en dehors de ses activités d'artiste, Carle Van Loo eut un rôle capital de professeur, en particulier comme gouverneur de l'école des Élèves protégés, à partir de 1749 ; Doyen et Fragonard furent ses élèves.

Le frère aîné de Carle, Jean-Baptiste (1684-1745), est surtout resté célèbre comme portraitiste, et plus encore en Angleterre, où il séjourna de 1737 à 1742, qu'en France. De même Louis-Michel (1707-1771), fils de Jean-Baptiste, fera carrière comme portraitiste à Madrid, de 1737 à 1752. Habitué au luxe des effigies officielles, où il déploie dans le scintillement des soies et des velours un goût hérité de Rigaud et de Largillière, Louis-Michel Van Loo ne néglige pas pour autant la vivacité psychologique comme dans son portrait de Diderot (1767, Louvre).

— Georges BRUNEL

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de lettres, conservateur des objets d'art des églises de la Ville de Paris

Classification

Pour citer cet article

Georges BRUNEL. VAN LOO LES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ROCOCO

    • Écrit par Georges BRUNEL, François H. DOWLEY, Pierre-Paul LACAS
    • 21 059 mots
    • 14 médias
    Carle Van Loo, Niçois de naissance, formé à Rome et travaillant à Turin en 1732 (Repos de Diane à Stupinigi), est pourtant considéré comme un peintre français ; après ce séjour italien, il se fixe en effet à Paris, y fait une carrière des plus brillantes et devient enfin premier peintre du roi en...

Voir aussi